Mohammed al Khudari et Hani al Khudari ont été arrêtés arbitrairement le 4 avril 2019 et sont restés détenus sans inculpation jusqu’au 8 mars 2020. Tous deux ont été victimes de violations flagrantes des droits humains – disparition forcée, arrestation et détention arbitraires, détention au secret et détention à l’isolement, notamment. Ils ont en outre été interrogés à huis clos sans que leurs avocats ne soient présents ni ne participent. En novembre 2020, ils ont été transférés à la prison d’Abha, qui ne dispose pas de spécialistes médicaux ni du niveau de soins nécessaire. Le 8 mars 2020, les deux hommes ont été inculpés devant le Tribunal pénal spécial d’« appartenance à une entité terroriste » – terme qui renverrait aux autorités de facto du Hamas – dans le cadre d’un procès collectif concernant 68 personnes. Mohammed al Khudari était également poursuivi pour avoir occupé plusieurs fonctions de direction au sein de cette entité.
Leur traitement et leurs conditions de détention génèrent un stress important et une forte pression psychologique pour eux, en particulier pour Mohammed al Khudari. L’absence de soins médicaux adéquats a aggravé son état de santé. Le traitement qui lui est infligé est contraire à l’interdiction de la torture et des autres formes de mauvais traitements. De plus, les deux hommes sont toujours privés de communications régulières avec leur famille, car les autorités pénitentiaires peuvent annuler sans explication leur appel hebdomadaire ou leur visite familiale mensuelle.
L’arrestation de ces deux ressortissants palestiniens s’inscrit dans le cadre d’une répression plus vaste exercée par les autorités saoudiennes contre les Palestiniens, les Jordaniens et les Saoudiens résidant en Arabie saoudite qui sont perçus comme ayant des liens avec les autorités de facto du Hamas.
Amnesty International a fait état dans un rapport de l’utilisation systématique par les autorités saoudiennes, depuis 2011, du Tribunal pénal spécial pour faire taire la dissidence. L’organisation a constaté que les juges de cette juridiction ont présidé des procès manifestement iniques et prononcé des peines de prison allant jusqu’à 30 ans ainsi que de nombreuses condamnations à mort en vertu de dispositions vagues de la législation visant à lutter contre le terrorisme et la cybercriminalité.