Écrire Un prisonnier d’opinion condamné à 10 ans de prison

Le militant et prisonnier d’opinion Giyas Ibrahimov a été condamné à 10 ans de prison le 25 octobre. Le procès du deuxième militant inculpé dans cette affaire, le prisonnier d’opinion Bayram Mammadov, se poursuit. Il encourt jusqu’à 12 ans d’emprisonnement.

Le tribunal chargé des crimes graves à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, a condamné le jeune militant azerbaïdjanais Giyas Ibrahimov à 10 ans d’emprisonnement le 25 octobre. Giyas Ibrahimov a été déclaré coupable au titre de l’article 234 du Code pénal (possession de stupéfiants à des fins de revente, aggravée par le fait qu’il a agi dans le cadre d’un groupe). Le parquet avait requis neuf ans de prison contre Giyas Ibrahimov. Contrairement à la pratique en vigueur en Azerbaïdjan, le tribunal a prononcé une sentence plus lourde.

Les audiences pour l’affaire concernant le militant qui accompagnait Giyas Ibrahimov, le prisonnier d’opinion Bayram Mammadov, jugé pour la même infraction, se poursuivent. La peine maximale pour ce crime est 12 ans de prison.

Giyas Ibrahimov et Bayram Mammadov ont été interpellés le 10 mai, les autorités azerbaïdjanaises ayant affirmé que la police avait découvert environ huit grammes d’héroïne en leur possession. La veille, ils avaient peint un graffiti politique sur la statue d’Heydar Aliyev, ancien président défunt de l’Azerbaïdjan.

Giyas Ibrahimov et Bayram Mammadov sont des prisonniers d’opinion. Les charges relatives aux stupéfiants retenues contre eux ont été fabriquées dans le seul but de les sanctionner pour leur contestation politique. Ils se sont plaints d’avoir subi des actes de torture et des mauvais traitements en détention, notamment d’avoir été roués de coups et menacés de viol, dans le but de les contraindre de s’excuser publiquement pour le graffiti, mais les autorités ne tiennent pas compte de ces allégations – ni de leurs blessures constatées notamment par leur avocat.

Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov sont membres de NIDA, un mouvement de jeunes en faveur de la démocratie. Bayram Mammadov est membre de NIDA depuis février 2016. Giyas Ibrahimov a rejoint le mouvement après son arrestation en mai 2016.

Les jeunes militants Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov ont été arrêtés par la police à Bakou le 10 mai, pour des accusations liées aux stupéfiants. D’après les autorités azerbaïdjanaises, ils avaient environ huit grammes d’héroïne en leur possession lorsque la police les a interpellés. Giyas Ibrahimov et Bayram Mammadov ont indiqué à leur avocat que les stupéfiants avaient été placés en leur possession par les policiers. Le 12 mai, le juge du tribunal du district de Khatai, à Bakou, a approuvé leur détention provisoire.

La veille de leur arrestation, Bayram Mammadov avait publié sur Facebook une photo du graffiti qu’il avait peint avec Giyas Ibrahimov le 9 mai sur une statue d’Heydar Aliyev, ancien président défunt de l’Azerbaïdjan et père du président actuel, Ilham Aliyev. Sur le graffiti pris en photo, on pouvait lire : « Bonne Fête de l’esclavage », un jeu de mots basé sur « Bonne Fête des fleurs », cette fête étant célébrée le 10 mai, jour de l’anniversaire de l’ancien président. Sur l’autre côté de la statue, les militants ont utilisé un langage obscène dans des messages d’opposition politique.

Pendant leur interrogatoire par la police, Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov ont dû répondre à des questions au sujet du graffiti, mais pas au sujet des stupéfiants. Les policiers ont demandé à plusieurs reprises aux militants de s’excuser publiquement d’avoir insulté Heydar Aliyev et les ont frappés lorsqu’ils ont refusé. Ils les ont également forcés à nettoyer les toilettes du poste et les ont filmés pendant qu’ils le faisaient, dans le but de les humilier. Leur avocat a indiqué à Amnesty International que lorsqu’il a rencontré Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov le 12 mai, il a vu les marques des coups qu’ils ont reçus. Les militants n’ont pas été examinés par un médecin indépendant et n’ont, à ce jour, pas été autorisés à contacter leurs proches. Leur avocat a déposé une plainte pour mauvais traitements auprès du bureau du Procureur général de l’Azerbaïdjan.

Il a également indiqué à Amnesty International que les témoins qui ont fourni leurs déclarations quant aux stupéfiants découverts n’étaient pas indépendants, puisqu’ils travaillent pour la police azerbaïdjanaise. Amnesty International a recueilli des informations faisant état de pratiques similaires utilisées en Azerbaïdjan pour forger de toutes pièces des accusations dans d’autres affaires contre des militants et des défenseurs des droits humains.
Depuis longtemps, elle s’inquiète du fait que le gouvernement azerbaïdjanais ne respecte pas ses obligations internationales en matière de protection des droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique. Les personnes qui, dans le pays, expriment des opinions dissidentes sont fréquemment la cible d’accusations forgées de toutes pièces, d’agressions, de harcèlement, de chantage ou d’autres représailles de la part des autorités et des groupes qui leur sont liés. Les responsables de l’application des lois recourent régulièrement à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements contre des militants de la société civile, en toute impunité.

En mars 2016, l’Azerbaïdjan a libéré huit prisonniers d’opinion, notamment l’éminent avocat spécialiste des droits humains Intigam Aliyev, le défenseur des droits humains Rasul Jafarov, et le président de l’organisation locale de surveillance électorale Anar Mammadli. Cependant, plusieurs prisonniers d’opinion sont toujours derrière les barreaux et les représailles incessantes rendent le travail de défense des droits humains pratiquement impossible. La plupart des principales organisations non gouvernementales (ONG) travaillant sur les droits humains, la corruption et la surveillance électorale font l’objet de poursuites pénales et voient leurs comptes bancaires gelés et/ou leur inscription révoquée.

Il est de plus en plus difficile de surveiller de façon indépendante la situation des droits humains dans le pays. Plusieurs organisations internationales de défense des droits et médias internationaux se sont vu refuser l’entrée sur le territoire en 2015. C’est le cas de la délégation d’Amnesty International, qui a dû repartir le 7 octobre 2015 de l’aéroport international Heydar Aliyev de Bakou.

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