Viachaslau Rahashchuk est l’une des 14 personnes poursuivies dans l’« affaire de Pinsk » qui ont été condamnées à de longues peines de prison après avoir été déclarées coupables de participation à des « émeutes de grande ampleur ». Ces personnes avaient participé à des manifestations post-électorales pacifiques ou étaient de simples passants qui se trouvaient dans le secteur des manifestations. Arrêtées violemment et torturées, elles ont été accusées d’avoir lancé des projectiles sur la police et d’avoir détruit des biens. Elles ont ensuite été condamnées à des peines de prison et au versement collectif de plus de 65 000 euros de dommages et intérêts à la municipalité ainsi qu’aux 109 policiers qui ont comparu en tant que victimes devant le tribunal.
D’après des sources fiables, les 109 policiers ont affirmé avoir perdu le sommeil et l’appétit après les manifestations pacifiques des 9 et 10 août 2020. Si cette somme n’est pas payée collectivement par les personnes condamnées dans « l’affaire de Pinsk », tous leurs biens seront saisis 30 jours après l’audience d’appel, qui a eu lieu le 6 juillet. Parmi ces personnes figure une mère de cinq enfants.
L’« affaire de Pinsk » est représentative des violations généralisées, flagrantes et persistantes des droits humains commises contre les personnes qui expriment des opinions dissidentes au Bélarus, sont soupçonnés de dissidence ou sont délibérément prises pour cible par les autorités, depuis le début des manifestations pacifiques de grande ampleur contre les résultats contestés de l’élection présidentielle du 9 août 2020. Le Bélarus connaît actuellement la plus grave crise des droits humains de son histoire depuis l’indépendance du pays.
Des militant.es de l’opposition, des journalistes, des blogueurs et des blogueuses, des personnes exprimant des vues dissidentes, des manifestant.es pacifiques et, comme dans le cas de Viachaslau Rahushchuk, de simples passant.es, ont été arrêtés par milliers par des membres des forces de l’ordre, dont beaucoup opèrent en civil, sans insigne permettant de les identifier et souvent en recourant à une force excessive. Selon les estimations actuelles, plus de 30 000 personnes ont été appréhendées depuis le 9 août.
Des milliers de personnes ont fait l’objet de procédures au titre du Code des infractions administratives, qui se sont soldées par des amendes, ou par des périodes de « détention administrative » d’une durée maximale de 15 jours mais pouvant être cumulées, aboutissant de ce fait à des périodes de détention beaucoup plus longues. Plus de 3 000 personnes ont été poursuivies après avoir été inculpées de charges liées à des événements et à des manifestations de grande ampleur, et des centaines d’entre elles ont déjà condamnées à de longues peines de prison. Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux doivent être libérées immédiatement et sans condition.
Des organisations locales et internationales de défense des droits humains ont recueilli des centaines de témoignages de personnes détenues qui ont été soumises à des actes de torture et à d’autres mauvais traitements au moment de leur arrestation, pendant leur transport et en détention provisoire. Pour l’heure, les autorités bélarussiennes n’ont ouvert aucune enquête sur des membres des forces de l’ordre.