Une militante pacifique et ancienne candidate à des élections au Myanmar a été condamnée à un an de prison pour avoir participé à une manifestation pacifique organisée pour protester contre le fait qu’une manifestante avait été tuée par balle. Il s’agit d’une prisonnière d’opinion, qui doit être libérée immédiatement et sans condition.
Myat Nu Khaing a été condamnée à un an de prison le 31 mars par le tribunal du district de Dagon, à Yangon, la plus grande ville du Myanmar. Myat Nu Khaing est médecin, et au moment où elle a été arrêtée elle était candidate indépendante pour les élections législatives de novembre 2015, dans le district de Phyu, dans la région de Bago. Elle a été déclarée coupable de participation à une « émeute » (article 147 du Code pénal) en raison de sa participation à une manifestation pacifique le 29 décembre 2014. Cette manifestation avait été organisée pour demander aux autorités d’enquêter sur l’homicide d’une manifestante – Khin Win – tuée par balle par la police sur le site de la mine de cuivre de Letpadaung, qui fait l’objet d’une controverse.
Amnesty International pense que les poursuites engagées contre Myat Nu Khaing sont motivées par des considérations politiques. Elle a été inculpée de nombreuses infractions pénales, notamment pour « émeute », alors même que des sources dignes de foi ont confirmé que la manifestation était pacifique. De plus, elle a été arrêtée le 17 octobre 2015, quelques semaines seulement avant les élections législatives du 8 novembre, et 10 mois après la manifestation pour laquelle a été inculpée. Elle se trouve toujours dans la prison d’Insein à Yangon, où elle est détenue depuis son arrestation.
Elle a été relaxée des autres chefs d’incitation du public à commettre des infractions « visant l’État ou la tranquillité publique » (article 505-b), d’« agression ou usage de la force en vue d’empêcher un fonctionnaire d’exercer ses fonctions » (article 353), et de participation à un rassemblement interdit (article 18 de la Loi relative aux rassemblements et aux défilés pacifiques). Les chefs d’« actes et chansons obscènes » commis ou interprétées en public (article 294 du Code pénal) et d’« agression ou entrave à un fonctionnaire qui intervient pour mettre fin à une émeute » (article 152) avaient été abandonnés auparavant par le tribunal.