ACTION URGENTE
Emirats arabes unis. Procès d’un prisonnier d’opinion
Le 11 avril 2018, l’éminent défenseur des droits humains Ahmed Mansoor a comparu devant un tribunal d’Abou Dhabi (Émirats arabes unis) ; il s’agissait de la deuxième audience. Amnesty International le considère comme un prisonnier d’opinion.
Selon les informations recueillies par Amnesty International, le procès de l’éminent défenseur des droits humains et blogueur Ahmed Mansoor s’est ouvert en mars et la deuxième audience s’est déroulée le 11 avril devant un tribunal d’Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis. L’organisation ignore de quel tribunal il s’agit, quelles sont les charges retenues contre Ahmed Mansoor et si celui-ci est assisté d’un avocat.
Ahmed Mansoor a été arrêté le 20 mars 2017 à son domicile dans l’émirat d’Ajman, aux Émirats arabes unis. Plusieurs heures après son arrestation, Emirates News Agency, le site internet d’informations officiel géré par l’État, a annoncé qu’il avait été arrêté sur l’ordre du parquet responsable de la cybercriminalité et qu’il était détenu dans l’attente d’un complément d’enquête. D’après cette déclaration, il est accusé d’« utilisation des réseaux sociaux [notamment Twitter et Facebook] pour publier des informations fausses et trompeuses qui nuisent à l’unité nationale, à l’harmonie sociale et à la réputation du pays » et de « promotion de pensées incitant à la haine et à l’intolérance religieuse ». Le 29 mars 2017, les autorités ont déclaré qu’Ahmed Mansoor était détenu à la prison centrale (Al Wathba) d’Abou Dhabi, qu’il avait eu « la liberté d’engager un avocat » et que sa famille était autorisée à lui rendre visite. Malgré ces affirmations, le lieu de détention d’Ahmed Mansoor n’a pas pu être vérifié. Selon les informations dont dispose Amnesty International, il n’a pas pu consulter d’avocat et se trouve à l’isolement de façon prolongée, ce qui s’apparente à de la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements. Depuis son arrestation, il n’a reçu que deux visites de sa famille, sous surveillance, le 3 avril et le 17 septembre 2017. À chaque fois, il a été emmené dans les locaux du ministère public à Abou Dhabi, où il a vu brièvement ses proches.
À la fin de février 2018, un groupe d’organisations internationales de défense des droits humains a commissionné deux avocats irlandais pour qu’ils se rendent à Abou Dhabi afin de tenter de rencontrer Ahmed Mansoor. Ils ont contacté le ministère de l’Intérieur, qui leur a dit de s’adresser à la police. Celle-ci leur a conseillé de se renseigner à la prison d’Al Wathba, où il leur a été répondu qu’Ahmed Mansoor ne s’y trouvait pas.