Écrire 30 proches d’une militante ouïghoure restent détenus

Environ 30 membres de la famille de la militante ouïghoure des droits humains Rebiya Kadeer, qui vit actuellement aux États-Unis, sont détenus depuis près de deux ans dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang sans avoir été jugés.

La date exacte à laquelle ils ont été arrêtés demeure incertaine, mais il semblerait qu’ils soient détenus arbitrairement dans un camp de rééducation politique où ils risquent de subir des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements.

Parmi ces personnes figurent les sœurs de Rebiya Kadeer, ses frères, ses fils, ses petits-enfants et des parents plus éloignés, que les autorités chinoises prennent pour cibles depuis de nombreuses années dans le but de faire taire la célèbre militante.

Les proches de Rebiya Kadeer sont pris pour cibles par les autorités depuis sa première arrestation pour délit d’opinion, en 1999. Ce harcèlement s’est intensifié depuis que Rebiya Kadeer a été remise en liberté pour raisons médicales, le 17 mars 2005, et qu’elle a quitté la Chine pour s’installer aux États-Unis. Elle aurait été avertie que si elle nouait des relations avec d’autres Ouïghours ou s’exprimait en public sur des « sujets sensibles », « ses entreprises et ses enfants n’auraient plus aucun avenir ». Le 1er juin 2006, Alim et Ablikim Abdiriyim ont été frappés par des policiers devant leurs enfants et leur sœur, Rushangul, à qui l’on a ensuite tendu un téléphone portable et ordonné d’appeler Rebiya Kadeer aux États-Unis pour l’informer de ce qui se passait.

Le 27 novembre 2006, au lendemain de l’élection de Rebiya Kadeer au poste de présidente du Congrès ouïghour mondial (WUC), un tribunal a condamné deux de ses fils, Alim Abdiriyim et Kahar Abdiriyim, à payer des amendes s’élevant à plusieurs millions de dollars américains. Alim Abdiriyim a en outre été condamné à sept ans d’emprisonnement pour fraude fiscale. De plus, les autorités chinoises auraient lancé début avril une procédure d’évaluation et de liquidation des entreprises familiales de Rebiya Kadeer.

Ablikim Abdiriyim, fils de Rebiya Kadeer, a été arrêté en juin 2006 et condamné en avril 2007 à l’issue d’un procès inique lors duquel il n’a pas bénéficié de l’assistance d’un avocat de son choix. Il a été torturé à plusieurs reprises durant son séjour en prison et a été libéré en mai 2015.
Rebiya Kadeer mène campagne pour obtenir la libération de ses proches, mais aucune information supplémentaire à leur sujet n’est disponible à l’heure actuelle. Elle appelle le Congrès des États-Unis et le gouvernement américain à évoquer leur cas avec les autorités chinoises.

Les Ouïghours sont une minorité ethnique principalement de confession musulmane. Ils vivent surtout dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine. Depuis les années 1980, ils sont la cible de violations graves et systématiques des droits humains : arrestations et emprisonnement arbitraires, détention au secret, restrictions de la liberté de religion et de l’exercice des droits sociaux et culturels, notamment. Les autorités locales continuent de contrôler étroitement la pratique religieuse, y compris en interdisant à tous les fonctionnaires et aux mineurs de moins de 18 ans de fréquenter les mosquées. Les politiques gouvernementales chinoises limitent l’usage de la langue ouïghoure, imposent des restrictions sévères à la liberté religieuse et soutiennent l’arrivée en masse de migrants hans dans la région.

En mars 2017, les autorités du Xinjiang ont adopté le « Règlement de lutte contre l’extrémisme », qui définit et interdit un large éventail de comportements qualifiés d’« extrémistes », tels que la « diffusion de pensées extrémistes », le fait de critiquer ou de refuser d’écouter ou de regarder des émissions de la radio et de la télévision publiques, le port de la burqa, le port d’une barbe « anormale », le fait de s’opposer aux politiques nationales, et la publication, le téléchargement, le stockage et la lecture d’articles, de publications ou de matériel audiovisuel présentant un « contenu extrémiste ». Cette réglementation a en outre instauré un « système de responsabilisation » destiné aux cadres du gouvernement pour le travail de « lutte contre l’extrémisme », et mis en place une évaluation annuelle de leurs performances.

Les autorités ont nié l’existence des camps « de transformation par l’éducation » jusqu’en octobre 2018, et lorsqu’elles l’ont finalement admise, elles ont affirmé qu’il s’agissait de « centres de formation professionnelle ». Selon elles, l’objectif de cette formation est de fournir des enseignements techniques et professionnels aux personnes pour leur permettre de trouver un emploi et de devenir des citoyens « utiles ». Les explications de la Chine, cependant, contredisent les informations recueillies par Amnesty International auprès d’anciens détenus faisant état de coups, de privation de nourriture et de détention à l’isolement.

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