Écrire 30 proches d’une militante ouïghoure sont détenus arbitrairement

Les autorités chinoises ont placé en détention jusqu’à 30 proches de Rebiya Kadeer, militante ouïghoure des droits humains qui vit actuellement aux États-Unis. Parmi les personnes détenues se trouvent les sœurs de Rebiya Kadeer, ses frères, ses fils, ses petits-enfants et d’autres de ses proches. On ne sait pas quand ils ont été emmenés et on soupçonne qu’ils sont détenus arbitrairement dans un « centre d’éducation ». Ils risquent fortement d’être torturés ou soumis à d’autres formes de mauvais traitements.

Au cours des derniers mois, jusqu’à 30 proches de Rebiya Kadeer, militante ouïghoure des droits humains, auraient été arbitrairement placés en détention. Parmi les personnes détenues se trouve son fils, Ablikim Abdiriyim, qui a déjà passé 12 ans en prison, où il a été torturé à plusieurs reprises. À l’époque, il avait été condamné en représailles des actions de sa mère en faveur des droits humains. Amnesty International l’avait adopté comme prisonnier d’opinion. Kahar Abdiriyim (h), fils le plus âgé de Rebiya Kadeer ; Ayugul (f), femme de Kahar ; Aydidar (f), fille de Kahar ; Zulpikar (h), fils de Kahar ; Dildar (f), fille de Kahar ; Ablikim Abdiriyim (h), deuxième fils de Rebiya Kadeer ; Alim Abdiriyim (h), plus jeune fils de Rebiya Kadeer ; Xelchem (f), sœur de Rebiya Kadeer ; Atikem (f) et son beau-fils ; Imam (h), fils de Xelchem ; Ahmetjan (h), frère de Rebiya Kadeer ; et Gheni (h), frère de Rebiya Kadeer, sont également détenus.

On soupçonne que tous les membres de la famille sont actuellement détenus dans un des nombreux centres de détention qui ont été établis récemment dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Ces centres, appelés « centres de lutte contre l’extrémisme », « centre d’étude politiques », ou encore « centre d’éducation et de transformation », sont connus pour détenir arbitrairement des Ouïghours et des membres d’autres minorités musulmanes pendant 6 à 12 mois, voire plus. Obligés d’apprendre les lois et les politiques chinoises, beaucoup de ces détenus sont pris pour cible parce qu’ils auraient été découverts en train de prier, parce qu’ils posséderaient des livres religieux, parce qu’ils ont voyagé à l’étranger ou parce que des membres de leur famille vivent à l’étranger.
Rebiya Kadeer était une femme d’affaires ouïghoure de premier plan et est elle-même une ancienne prisonnière d’opinion. Ancienne membre du Congrès consultatif politique du Parti communiste chinois, elle a été arrêtée en 1999 et condamnée à huit ans d’emprisonnement pour « vol de secrets d’État ». Rebiya Kadeer est une des plus célèbres militante ouïghoure des droits humains, et la présidente du Congrès ouïghour mondial.

Les Ouïghours sont une minorité ethnique principalement de confession musulmane. Ils vivent surtout dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Depuis les années 1980, ils sont la cible de violations graves et systématiques des droits humains : arrestations et incarcérations arbitraires, détention au secret, restrictions de la liberté de religion et de l’exercice des droits sociaux et culturels, notamment. Les autorités locales continuent de contrôler étroitement la pratique religieuse, y compris en interdisant à tous les fonctionnaires et aux mineurs de moins de 18 ans de fréquenter les mosquées. Les politiques gouvernementales chinoises limitent l’usage de la langue ouïghoure, imposent des restrictions sévères à la liberté religieuse et soutiennent l’arrivée en masse de migrants hans dans la région.

En mars 2017, la région autonome ouïghoure du Xinjiang a adopté la « règlementation sur la lutte contre l’extrémisme » qui définit et interdit un large éventail de comportements qualifiés d’« extrémistes » tels que la « diffusion de pensées extrémistes », le fait de critiquer des émissions de la radio ou de la télévision publiques ou de refuser de les écouter ou de les regarder, le port de la burka, le port d’une barbe « anormale », le fait de s’opposer aux politiques nationales, et la publication, le téléchargement, le stockage et la lecture d’articles, de publications, ou de matériel audiovisuel présentant « un contenu extrémiste ». Cette réglementation a également instauré « un système de responsabilisation » destiné aux cadres du gouvernement pour le travail de « lutte contre l’extrémisme », et mis en place une évaluation annuelle de leurs performances.

Les proches de Rebiya Kadeer sont pris pour cibles par les autorités depuis sa première arrestation pour délit d’opinion, en 1999. Ce harcèlement s’est intensifié depuis que Rebiya Kadeer a été remise en liberté pour raisons médicales, le 17 mars 2005, et qu’elle a quitté la Chine pour s’installer aux États-Unis. Elle aurait été avertie que si elle nouait des relations avec des Ouïghours ou s’exprimait en public sur des « questions sensibles », « ses entreprises et ses enfants n’auraient plus aucun avenir ». Le 1er juin 2006, Alim et Ablikim Abdiriyim ont été frappés par des policiers devant leurs enfants et leur sœur, Rushangul, à qui l’ont a ensuite donné un téléphone portable et ordonné d’appeler Rebiya Kadeer aux États-Unis pour lui dire ce qu’il se passait. Le 27 novembre 2006, au lendemain de l’élection de Rebiya Kadeer au poste de présidente du Congrès ouïghour mondial (WUC), un tribunal a condamné deux de ses fils, Alim Abdiriyim et Kahar Abdiriyim, à payer des amendes s’élevant à plusieurs millions de dollars américains. Alim Abdiriyim a en outre été condamné à sept ans d’emprisonnement pour fraude fiscale. De plus, les autorités chinoises auraient lancé début avril une procédure d’évaluation et de liquidation des entreprises familiales de Rebiya Kadeer.

Ablikim Abdiriyim, fils de Rebiya Kadeer, a été arrêté en juin 2006 et condamné en avril 2007 à l’issue d’un procès inique lors duquel il n’a pas bénéficié de l’assistance d’un avocat de son choix. Il a été torturé à plusieurs reprises durant son séjour en prison et a été libéré en mai 2015.

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