Écrire Risques de mauvais traitements pour un militant étudiant placé en détention

Naser Aldeen Mukhtar Mohamed, l’ancien président de l’Association des étudiants du Darfour à l’Université du Saint Coran, a été arrêté le 22 août à Khartoum par des agents du Service national de la sûreté et du renseignement (NISS). Il est actuellement détenu sans inculpation au centre de détention du NISS à Khartoum-Nord. Il risque d’être soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements en détention.

Naser Aldeen Mukhtar Mohamed, 23 ans, ancien président de l’Association des étudiants du Darfour à l’Université du Saint Coran, a été arrêté le 22 août par des agents du NISS à l’entrée de l’Université du Saint Coran, à Omdurman. Il sortait d’un examen passé dans cette université. Selon les informations reçues par Amnesty International, Naser Aldeen Mukhtar Mohamed a été interpellé à la porte de l’université par cinq agents du NISS en civil qui l’ont forcé à monter dans une camionnette pickup Toyota dépourvue de plaque d’immatriculation, et l’ont emmené avec eux.

Un de ses proches a dit à Amnesty International que la famille n’a pas été autorisée à lui rendre visite au centre de détention du NISS. Cette absence de contacts avec le monde extérieur augmente le risque de torture et d’autres mauvais traitements pour Naser Aldeen Mukhtar Mohamed.

Naser Aldeen Mukhtar Mohamed est l’un des membres les plus actifs de l’Association des étudiants du Darfour à Khartoum. Il avait déjà été arrêté une fois, le 14 novembre 2015, pour avoir dirigé un sit-in pacifique à l’université afin de protester contre la décision prise par l’établissement de suspendre l’exemption de paiement des frais de scolarité pour les étudiants du Darfour. Pendant sa détention au NISS, il avait été violemment frappé, menacé de mort et il avait subi des insultes racistes. Naser Aldeen Mukhtar Mohamed avait finalement été remis en liberté le 23 décembre 2015. Depuis sa libération, Naser Aldeen Mukhtar Mohamed était placé sous surveillance et des agents du NISS l’avaient menacé d’une nouvelle arrestation.

En janvier, Amnesty International a publié un rapport exposant la situation très difficile des étudiants darfouriens à l’Université du Saint Coran. Amnesty International considère Naser Aldeen Mukhtar Mohamed comme un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression.

Au cours des dernières années, les étudiants du Darfour ont subi dans tout le Soudan des violations de leurs droits fondamentaux. Amnesty International a rassemblé des informations montrant que les militants politiques étudiants du Darfour sont pris pour cibles par les agents des services de sécurité soudanais, qui les qualifient de sympathisants de groupes armés. Le conflit armé est utilisé comme prétexte et aussi pour masquer des violations des droits humains, non seulement au Darfour mais aussi dans le reste du pays.

La plupart de ces violations ont été déclenchées par les tentatives des étudiants darfouriens de débat public sur le conflit au Darfour à l’intérieur des universités, ou de soulever la question de l’exemption des frais de scolarité pour les étudiants darfouriens basée sur divers accords de paix concernant le Darfour. Or, ces débats publics et les sit-in ont régulièrement été violemment réprimés par des étudiants affiliés au parti au pouvoir, et ils ont toujours été suivis d’arrestations et placements en détention arbitraires, ainsi que d’actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des étudiants darfouriens par des agents du NISS. De nombreux étudiants darfouriens ont été renvoyés des universités ou interdits d’examen parce qu’ils n’avaient pas payé les frais de scolarité.

En juillet 2017, plus de 1 000 étudiants darfouriens de l’université de Bakht al Rida, dans l’État du Nil blanc, ont officiellement abandonné leurs études dans cet établissement, invoquant un traitement injuste de la part des autorités de l’université et des agents des services de sécurité à Bakht al Rida. À l’université islamique d’Omdurman, le 31 août, deux étudiants darfouriens ont été tués lors de violents affrontements entre des étudiants affiliés au parti au pouvoir et des étudiants darfouriens.

Le NISS dispose de vastes pouvoirs en matière d’arrestation et de détention en vertu de la Loi de 2010 relative à la sécurité nationale, qui lui permet notamment de maintenir des suspects en détention jusqu’à quatre mois et demi sans contrôle judiciaire, et ses membres usent de leur autorité pour procéder à des arrestations arbitraires et placer en détention des personnes, dont beaucoup se voient infliger des actes de torture et d’autres mauvais traitements. La même loi les protège de toute poursuite pour les actes commis dans l’exercice de leurs fonctions, d’où une culture généralisée de l’impunité. La modification de l’article 151 de la Constitution adopté le 5 janvier 2017 a étendu le mandat du NISS, ce qui n’a fait qu’aggraver la situation. Elle a transformé le NISS : autrefois service de renseignement spécialisé dans la collecte et l’analyse d’informations et le conseil, il est devenu une agence de sécurité à part entière détenant un mandat large et exerçant toute une palette de fonctions qui sont habituellement celles de l’armée ou des organes chargés de l’application des lois. Le nouveau texte a accordé au NISS un pouvoir discrétionnaire illimité pour déterminer ce qui constitue une menace politique, économique ou sociale et comment y faire face. Ni la Loi relative à la sécurité nationale ni l’article 151 révisé n’exigent, explicitement ou implicitement, que les agents du NISS respectent le droit international, régional et national applicable dans l’exercice de leurs fonctions.

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