Après la mort de trois policiers lors de l’explosion d’une bombe dans le village d’al Daih, à l’ouest de la capitale, Manama, le 3 mars 2014, les forces de sécurité ont effectué des descentes dans plusieurs maisons et ont arrêté au moins 25 personnes, notamment ces 10 hommes. Parmi les personnes arrêtées et plus tard relâchées, beaucoup ont affirmé avoir subi des actes de torture ou d’autres formes de mauvais traitements.
Le procès des 10 hommes s’est ouvert le 30 avril 2014 devant la Haute Cour criminelle à Manama. Le 26 février 2015, tous ont été condamnés : Ali Abdulshaheed al Sankis, Sami Mirza Mshaima et Abbas Jamil Taher Mhammad al Samea ont été condamnés à mort, et Ahmad Jaafar Mhamad Ali, Ali Jamil Taher Mhamad al Samea, Taher Youssif Ahmed Mhamad al Samie, Hussein Ahmad Rashed Khalil, Redha Mirza Mshaima, Hussein Sabah Abdulhussein et Ahmad Mtouq Ibrahim ont été condamnés à la prison à perpétuité. Leurs avocats se sont plaints de ne pas avoir eu accès à tous les éléments de preuve présentés contre les accusés lors des deux premières audiences, ce qui ne leur a pas permis d’assurer correctement la défense de leurs clients. Ils n’ont pas non plus été autorisés à procéder au contre-interrogatoire des témoins de l’accusation. Ils se sont retirés de l’affaire en octobre 2014, en signe de protestation. Le ministère de la Justice a nommé deux avocats parmi ceux qui s’étaient précédemment retirés. Ceux-ci ont renouvelé les demandes qui avaient été formulées par les avocats précédents, et le tribunal les a une nouvelle fois rejetées. La cour d’appel a confirmé ces condamnations le 31 mai 2016 et, le 17 octobre, la Cour de cassation les a annulées et a ordonné un nouveau procès devant la même cour d’appel. La juridiction d’appel a de nouveau confirmé leurs peines le 4 décembre.
Abbas Jamil Taher Mhammad al Samea, un enseignant de 26 ans, a été arrêté le 3 mars 2014 à minuit. Il a déclaré qu’il était à l’école au moment de l’explosion et a présenté une lettre de l’établissement confirmant ses déclarations. Après son arrestation, il a été détenu à la Direction des enquêtes criminelles pendant 25 jours, sans pouvoir consulter un avocat, et a déclaré avoir été torturé par les interrogateurs qui l’ont frappé, privé de sommeil, privé de nourriture et d’eau, brûlé avec des cigarettes, suspendu et agressé sexuellement, et menacé d’être exécuté et d’être déchu de sa nationalité. À la suite de sa condamnation, une vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux montrant Abbas al Samea affirmant qu’il avait été torturé, ce qui a conduit l’Unité spéciale d’enquête à vérifier ses allégations. L’Unité spéciale d’enquête a conclu qu’Abbas al Samea avait été blessé « des suites de sa résistance à la procédure d’arrestation », confirmant ainsi l’examen qui avait été précédemment ordonné par le ministère public et mené par un expert médicolégal. L’Unité a rejeté les allégations de torture. L’Unité spéciale d’enquête est un organe du ministère public mis en place en 2012 pour enquêter sur les allégations de torture et d’autres mauvais traitements, les meurtres et d’autres infractions.
Sami Mirza Mshaima, 41 ans, a été arrêté chez un ami à Madinat Hamad, au sud-ouest de Manama, le 3 mars 2014. Sa mère a déclaré à Amnesty International qu’il avait affirmé que pendant sa détention à la Direction des enquêtes criminelles, il avait été déshabillé, frappé sur tout le corps, soumis à des décharges électriques et violé par pénétration anale par un objet. Il dit avoir été frappé si violemment à la bouche qu’il a perdu ses dents de devant. Voir également le rapport en anglais d’avril 2015 d’Amnesty International, intitulé Behind the rhetoric, Human rights abuses in Bahrain continue unabated (https://www.amnesty.org/fr/documents/mde11/1396/2015/en/).
La dernière exécution menée par Bahreïn était celle de Jassim Abdulmanan, un ressortissant bangladais, en 2010. À ce jour, 141 pays ont aboli la peine capitale en droit ou en pratique. Le droit à la vie et le droit de ne pas être soumis à des actes de torture ou d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants sont reconnus par la Déclaration universelle des droits de l’homme et d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains. Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances et sans aucune exception, indépendamment de la nature et des circonstances de l’infraction commise, de la situation du condamné, de sa culpabilité ou de son innocence, ou encore de la méthode utilisée pour procéder à l’exécution. La peine de mort est une violation du droit à la vie et le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.