Le Pérou est confronté à une crise politique depuis plusieurs années, qui s’est intensifiée dernièrement lorsque le président de l’époque, Pedro Castillo, a annoncé la dissolution du Congrès national le 7 décembre 2022.
Le Tribunal constitutionnel et le Congrès ont rejeté cette décision, et Pedro Castillo a été arrêté le jour même. La vice-présidente, Dina Boluarte, a prêté serment peu après et les autorités locales l’ont officiellement reconnue comme leur nouvelle commandante en chef.
Ces événements ont déclenché dans différentes régions du pays une vague de protestation, qui a été réprimée par les forces armées et la police péruviennes. Aux premiers jours des manifestations, des dizaines de personnes ont été blessées et au moins deux personnes sont mortes. Des journalistes locaux ont par ailleurs signalé avoir été agressés et privés de leur équipement par la police nationale.
Au 16 décembre, deux jours après que l’État péruvien a décrété l’état d’urgence face à la crise politique, le nombre de personnes tuées s’élevait à 17.
Les manifestations ont brièvement perdu de leur intensité durant les vacances de Noël, mais la nouvelle année venue, des milliers de personnes sont redescendues dans la rue au Pérou, et la répression d’État s’est accentuée.
Le 9 janvier, au moins 18 personnes sont mortes et des dizaines d’autres ont été blessées dans la ville de Juliaca.
Depuis le début des manifestations, les sources officielles ont signalé la mort d’au moins 40 personnes dans les départements de Puno, d’Ayacucho, d’Apurimac, de Cusco, de Junin, de La Libertad et d’Arequipa. Il convient de signaler que la plupart des victimes appartiennent à des communautés rurales et historiquement marginalisées au Pérou.
Amnesty International a fait état de son inquiétude face à l’emploi d’une force excessive contre les manifestant·e·s, et a lancé des appels en faveur de l’accès à la justice et à des recours. Le 12 décembre, l’organisation a diffusé un premier communiqué de presse dénonçant la mort de deux personnes. Une Action urgente a été lancée le lendemain afin de demander la cessation immédiate des violences contre les manifestant·e·s. Le 16 décembre, Amnesty International a publié un deuxième communiqué de presse réclamant des comptes concernant le décès d’au moins 17 personnes. Enfin, le 10 janvier, un troisième communiqué de presse a été diffusé après les événements de Juliaca.
Amnesty International rappelle aux autorités qu’une manifestation ne perd pas son caractère pacifique même si certains individus se rendent sporadiquement responsables d’actes illégaux. Par conséquent, le respect, la garantie et la protection des droits fondamentaux des personnes manifestant de manière pacifique ne doivent pas s’en trouver diminués. Les forces de sécurité doivent par ailleurs privilégier des solutions pacifiques face à la situation et s’abstenir d’utiliser la force d’une manière qui soit contraire aux normes internationales.