Écrire Les Colombiens qui manifestent sont victimes de répression

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Depuis le 28 avril, des milliers de personnes sont descendues dans la rue un peu partout en Colombie pour réclamer le retrait d’une réforme fiscale et une amélioration de la politique sociale et économique dans le cadre de la « Paro Nacional », une grève nationale à laquelle ont appelé plusieurs mouvements sociaux.

Les autorités ont déployé l’armée dans plusieurs grandes villes, stigmatisé publiquement les protestataires et réprimé les manifestations en recourant à une force excessive. Elles ont notamment utilisé des armes qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, procédé à des arrestations arbitraires et soumis des personnes à des « disparitions ».

Amnesty International appelle le président colombien à garantir le droit de réunion pacifique.

Une grève nationale (la « Paro Nacional ») a débuté le 28 avril, déclenchée par une proposition de réforme fiscale du président Iván Duque qui visait à augmenter les recettes fiscales pour faire face à la crise économique, après un an de ralentissement économique dû aux conséquences de la pandémie de COVID-19 dans le pays.

Cette grève a également repris plusieurs revendications exprimées par la société colombienne lors de manifestations similaires à la fin de l’année 2019 - l’adoption de mesures pour mettre fin aux assassinats de porte-parole de la société civile, le respect des accords de paix, un système de santé accessible, sûr et complet, et une réforme approfondie des services de police, notamment.

Le 1er mai, le président a annoncé le maintien d’une présence militaire dans « les centres urbains qui présentent un risque élevé pour l’intégrité des citoyens », et a déclaré : « Je souhaite adresser un avertissement clair à ceux qui, par la violence, le vandalisme et le terrorisme, cherchent à intimider la société et pensent, de cette manière, détruire les institutions ». Le 5 mai, le président a également déclaré : « La menace de vandalisme à laquelle nous sommes confrontés est le fait d’une organisation criminelle qui se cache derrière des aspirations sociales légitimes », et a ajouté : « Le vandalisme extrême et le terrorisme urbain auxquels nous assistons sont financés et organisés par des mafias impliquées dans le trafic de drogue ».

Depuis le début de la grève nationale, plusieurs mobilisations dans des villes clés comme Bogotá, Cali et Pasto ont été accueillies par un recours excessif à la force, y compris à la force armée et meurtrière ; 31 personnes ont été tuées, 216 blessées et 814 arrêtées arbitrairement. Des informations préoccupantes font également état d’actes de violence sexuelle et de « disparitions » de personnes.
Amnesty International a confirmé l’authenticité de vidéos sur lesquelles on voit la police colombienne utiliser des armes létales et faire usage sans discernement d’armes à létalité réduite, telles que les gaz lacrymogènes, les canons à eau et d’autres équipements, contre des manifestantes et manifestants dans plusieurs régions du pays.

La répression des manifestations organisées dans le cadre de la grève nationale de cette année reproduit les pratiques observées lors des manifestations de 2019, au cours desquelles plusieurs personnes ont été tuées par des tirs de grenades lacrymogènes et d’armes à munitions réelles et potentiellement mortelles, et lors d’autres manifestations à la fin de l’année 2020, pendant lesquelles, selon la police nationale, 403 personnes ont été blessées, dont 194 membres des forces de sécurité, et 10 personnes tuées dans le contexte d’actions de protestation à la suite de la mort de l’avocat Javier Ordonez, tué par la police.

Plusieurs enquêtes sur des crimes commis par des membres des forces de l’ordre dans le contexte de manifestations sont en cours. Cependant, le fait que des violations des droits humains perpétrées par la police continuent à donner lieu à des enquêtes menées par la justice militaire, comme dans l’affaire concernant Dilan Cruz, tué lors d’une manifestation en 2019, empêche de réaliser des progrès tangibles vers la vérité, la justice, ainsi que l’octroi de réparations et de garanties de non-répétition aux victimes, à leurs proches et à la société.

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