Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement de Joseph Biden aux États-Unis, quatre hommes ont été transférés hors de cette prison militaire située sur la base navale de Guantánamo, à Cuba.
En juillet 2021, le gouvernement de Joseph Biden a transféré au Maroc Abdul Latif Nasser, un citoyen marocain âgé de 56 ans. Abdul Latif Nasser avait été autorisé à être libéré en 2016, mais il a été maintenu en détention à Guantánamo cinq ans de plus. Au total, il a passé 19 ans à Guantánamo sans jamais avoir été inculpé.
En avril 2022, le gouvernement des États-Unis a transféré Sufyian Barhoumi dans son pays, l’Algérie. Il avait été capturé au Pakistan en mars 2002 et rapidement envoyé à Guantánamo, où il n’a jamais été jugé. Il a été informé en août 2016, sous le gouvernement de Barack Obama, qu’il était libérable, mais l’avancement de son dossier a été retardé sous le gouvernement de Donald Trump qui a appliqué une politique suspendant de manière générale les transferts.
En mars 2022, le gouvernement des États-Unis a rapatrié le détenu Mohammed al Qahtani, le renvoyant en Arabie saoudite pour qu’il reçoive des soins de santé mentale. Mohammed al Qahtani a été torturé à un point tel par les autorités des États-Unis qu’il a été déclaré inapte à être jugé en tant que 20e pirate de l’air présumé qui aurait participé aux attaques du 11 septembre 2001.
En juin 2022, Asadullah Haroon Gul, un prisonnier afghan qui était détenu par les États-Unis depuis une quinzaine d’années, a été libéré de la prison de Guantánamo à la suite d’une décision rendue par un tribunal fédéral des États-Unis
On ne peut que se féliciter de ces transferts, mais les autorités doivent agir beaucoup plus rapidement pour transférer les 19 autres hommes libérables, et pour transférer, libérer ou faire bénéficier d’une décision judiciaire tous les autres prisonniers.
Amnesty International appelle le gouvernement de Joseph Biden à fermer définitivement le centre de détention de la base de Guantánamo. Toutes les personnes qui y sont encore incarcérées doivent être soit libérées et transférées, soit, s’il existe des preuves recevables suffisantes au regard du droit international, être traduites en justice pour des infractions dûment reconnues par ledit droit, dans le cadre d’une procédure judiciaire équitable, devant un tribunal fédéral et sans recours à la peine de mort. Les personnes détenues à Guantánamo et ailleurs par les États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001 ont été soumises à des actes de torture et à des disparitions forcées. Les États-Unis doivent enquêter sur ces atteintes au droit international et en traduire en justice les auteur·e·s présumé·e·s, quel que soit leur grade ou rang dans la hiérarchie, aujourd’hui comme à l’époque des faits.
Ce qui est en jeu, avec la demande de fermeture de Guantánamo, ce n’est pas seulement la situation des hommes qui y sont détenus, ce sont aussi les crimes de droit international commis ces 20 dernières années et l’absence de respect de l’obligation de rendre des comptes et de voies de recours pour ces hommes.