En Iran, la santé des prisonniers politiques est prise en otage
Les règlements des prisons iraniennes
Les règlements en vigueur dans les prisons iraniennes se conforment globalement assez bien aux standards internationaux, et s’ils étaient appliqués correctement, cela garantirait aux détenus l’accès aux soins en temps voulu. En réalité, ces règles sont bafouées et les prisonniers politiques, dont les prisonniers d’opinion, se voient refuser ou retarder l’accès aux soins de santé nécessaires — un droit humain fondamental qui ne peut sous aucun prétexte être restreint du fait d’être incarcéré.
Les droits humains internationaux et leurs standards
En tant qu’État partie au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), l’Iran est légalement tenu de respecter et protéger « le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre ». L’article 24 de l’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (règles Mandela), adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies en 2015, ajoute que « L’État a la responsabilité d’assurer des soins de santé aux détenus » et que « ceux-ci doivent recevoir des soins de même qualité que ceux disponibles dans la société » sans avoir à souffrir d’aucune discrimination.
Les règles Mandela permettent aussi aux détenus qui requièrent des traitements spécialisés ou des soins chirurgicaux d’être transférés vers des établissements spécialisés ou vers des hôpitaux externes quand ces traitements ne sont pas disponibles dans la prison (règle 27).
Le cadre de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement, adopté par l’Assemblée générale dans sa résolution en 1988, réitéré par les règles Mandela, que toute personne emprisonnée se verra offrir gratuitement un examen médical approprié.
Le manquement au devoir de soins des prisonniers peut de plus violer l’interdiction absolue de la torture et autre peine ou traitement cruel, inhumain et dégradant prévus à l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que l’Iran a signé.
Le cas d’Omid Kokabee
En avril 2016, le prisonnier de conscience Omid Kokabee, 33 ans, condamné à 10 ans d’emprisonnement pour avoir refusé de travailler sur un projet militaire iranien, a appris qu’il était atteint d’un cancer du rein nécessitant une ablation d’urgence. Cette nouvelle a déclenché une vague de sympathie et d’indignation, d’autant plus quand le public a découvert que le jeune physicien se plaignait de douleurs aux reins depuis près de 5 ans. Les autorités pénitentiaires lui ont toutefois refusé les soins spécialisés disponibles uniquement au sein d’un hôpital.
Une photo prise pendant les jours suivant son intervention, le montrant enchaîné malgré son état de faiblesse apparent, a déclenché une onde de choc sur la toile. Cette photo, qui a circulé en novembre 2015, dépeint la cruauté d’un système de justice pénale dans lequel la santé des prisonniers est régulièrement prise en otage par les autorités pénitentiaires et judiciaires, qui ignorent les besoins médicaux de leurs détenus.
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