En Iran, la santé des prisonniers politiques est prise en otage

La cruauté dont font preuve les autorités pénitentiaires iraniennes est choquante. La santé des prisonniers politiques ou d’opinion est prise en otage via d’odieux procédés. Selon le travail de recherche d’Amnesty International, la cause de l’inaccessibilité des soins ne se trouve généralement pas dans un manque de ressources ou de capacité. En effet, d’accablantes preuves indiquent que ces refus sont délibérément utilisés comme sanction par les instances judiciaires, tout particulièrement par le parquet et/ou l’administration pénitentiaire. Dans certains cas, il a même été confirmé que le refus aux soins de santé était utilisé pour obtenir des aveux de la part des prisonniers politiques. Des pratiques qui mettent en danger la santé ou la vie des prisonniers Il s’agit notamment de : • le fait de ne pas prendre en considération ou de nier la gravité réelle de l’état de santé des prisonniers et de ne pas prescrire des antidouleurs ou des calmants ordinaires ; • le refus de leur administrer les médicaments dont ils ont besoin ; • le refus de la libération par voie de grâce de ceux qui sont dans un état médical critique, ou le fait de conditionner l’accès aux soins par le dépôt d’une caution exorbitante ; • le fait de contraindre les prisonniers qui ont obtenu une autorisation de sortie pour maladie ou une hospitalisation à les interrompre pour être ramenés de force en prison, contre tout avis médical ; • l’interruption de leur traitement, malgré une autorisation (…)

Les règlements des prisons iraniennes

Les règlements en vigueur dans les prisons iraniennes se conforment globalement assez bien aux standards internationaux, et s’ils étaient appliqués correctement, cela garantirait aux détenus l’accès aux soins en temps voulu. En réalité, ces règles sont bafouées et les prisonniers politiques, dont les prisonniers d’opinion, se voient refuser ou retarder l’accès aux soins de santé nécessaires — un droit humain fondamental qui ne peut sous aucun prétexte être restreint du fait d’être incarcéré.

Les droits humains internationaux et leurs standards

En tant qu’État partie au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), l’Iran est légalement tenu de respecter et protéger « le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre ». L’article 24 de l’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (règles Mandela), adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies en 2015, ajoute que « L’État a la responsabilité d’assurer des soins de santé aux détenus » et que « ceux-ci doivent recevoir des soins de même qualité que ceux disponibles dans la société » sans avoir à souffrir d’aucune discrimination.

Les règles Mandela permettent aussi aux détenus qui requièrent des traitements spécialisés ou des soins chirurgicaux d’être transférés vers des établissements spécialisés ou vers des hôpitaux externes quand ces traitements ne sont pas disponibles dans la prison (règle 27).

Le cadre de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement, adopté par l’Assemblée générale dans sa résolution en 1988, réitéré par les règles Mandela, que toute personne emprisonnée se verra offrir gratuitement un examen médical approprié.

Le manquement au devoir de soins des prisonniers peut de plus violer l’interdiction absolue de la torture et autre peine ou traitement cruel, inhumain et dégradant prévus à l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que l’Iran a signé.

Le cas d’Omid Kokabee

En avril 2016, le prisonnier de conscience Omid Kokabee, 33 ans, condamné à 10 ans d’emprisonnement pour avoir refusé de travailler sur un projet militaire iranien, a appris qu’il était atteint d’un cancer du rein nécessitant une ablation d’urgence. Cette nouvelle a déclenché une vague de sympathie et d’indignation, d’autant plus quand le public a découvert que le jeune physicien se plaignait de douleurs aux reins depuis près de 5 ans. Les autorités pénitentiaires lui ont toutefois refusé les soins spécialisés disponibles uniquement au sein d’un hôpital.

Une photo prise pendant les jours suivant son intervention, le montrant enchaîné malgré son état de faiblesse apparent, a déclenché une onde de choc sur la toile. Cette photo, qui a circulé en novembre 2015, dépeint la cruauté d’un système de justice pénale dans lequel la santé des prisonniers est régulièrement prise en otage par les autorités pénitentiaires et judiciaires, qui ignorent les besoins médicaux de leurs détenus.

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