Libérez les enfants de Berks

Chaque jour, des centaines de familles sont enfermées dans des centres de détention spécifiques, surnommés « prisons pour bébés ». Leur crime ? Avoir cherché refuge aux États-Unis. Enfermés et placés en détention dès leur arrivée Chaque année, des dizaines de milliers de personnes viennent à la frontière des États-Unis et demandent l’asile. La majorité vient des pays du Triangle Nord (Guatemala, Honduras et El Salvador), mais aussi d’Afrique, d’Asie du Sud, du Moyen-Orient et d’ailleurs — partout où les gens fuient les conflits armés, la violence et la persécution. Contraints de fuir leur domicile pour protéger leur famille, ils pensent maintenant être en sécurité. Mais lorsque ces demandeurs d’asile — y compris les enfants et leurs parents — arrivent à la frontière américaine, ils sont enfermés et mis derrière les barreaux sans savoir combien de temps ils y resteront. Détenir des familles nuit à l’accès à l’asile et traumatise les personnes qui ont déjà subi des violences et des dommages psychologiques. Des « prisons pour bébés » Le centre de détention pour familles de Berks, en Pennsylvanie, est la plus ancienne des « prisons pour bébés ». En août 2017, quatre enfants et leurs mères s’y trouvaient depuis près de deux ans. En février 2018, une adolescente et son père, qui avaient commencé une nouvelle vie aux États-Unis en 2015, ont été envoyés à Berks. La jeune fille a passé son 15e anniversaire derrière les barreaux et n’a pas pu fêter sa (…)

Détention systématique

Ces dernières années, le recours aux centres de détention pour lutter contre l’immigration irrégulière aux États-Unis s’est systématisé au point de devenir le système d’incarcération de migrants le plus important au monde. Le Département américain de la Sécurité intérieure détient des familles qui demandent l’asile dans trois centres pouvant accueillir jusqu’à 3 000 enfants et parents par jour. Le centre de Berks est la plus ancienne de ces « prisons pour bébés ». De nouvelles familles continuent d’être enfermées dans des conditions difficiles à Berks et dans les autres sites de Karnes City et Dilley, au Texas.

Le centre résidentiel de Berks, dans l’État de Pennsylvanie, est aujourd’hui un symbole de la violation d’un certain nombre de droits des demandeurs d’asile aux États-Unis. Plusieurs dizaines de familles y sont détenues. Il s’agit du seul centre de détention des États-Unis destiné aux familles qui accueille à la fois des femmes et des hommes dans la même enceinte. Beaucoup de familles qui y sont enfermées sont originaires des pays du « Triangle du Nord » (Salvador, Guatemala et Honduras), une région où Amnesty International a recueilli des informations faisant état d’un niveau extrême de violence et d’insécurité.

Au cours de l’été 2014, plus de 67 000 mineurs non accompagnés ont fui vers les États-Unis par la frontière mexicaine. En réponse, le gouvernement des États-Unis a significativement augmenté le recours à la détention de familles et d’enfants. Or, il n’existe aucune justification, sous le couvert du droit américain ou international, pour perpétuer la détention de demandeurs d’asile. Les alternatives à la détention devraient toujours être considérées avant qu’un gouvernement ne décide de placer des migrants en situation irrégulière dans des centres fermés.

Le droit applicable

L’Administration et le Congrès tentent de criminaliser et punir davantage des personnes — en particulier les enfants et les familles — qui cherchent une protection humanitaire. Ils le font alors que la loi américaine garantit le droit pour de demander l’asile. La détention de familles, inhumaine et coûteuse, entache la longue tradition des États-Unis en tant que terre d’accueil pour les personnes en quête de sécurité. . Au lieu d’être enfermés, les enfants et leurs parents devraient être traités avec humanité et pouvoir accéder à la protection lorsqu’ils arrivent aux frontières américaines. Au lieu de cela, les États-Unis traitent ces personnes comme des criminels, les placent dans des centres de détention et les expulsent avant que leurs affaires ne soient entendues devant les tribunaux.

Récemment, les fonctionnaires des services frontaliers des États-Unis ont séparé de force quatre pères demandeurs d’asile centraméricains de leurs enfants après leur arrivée aux États-Unis, en violation des normes américaines sur l’unité familiale pendant la détention d’immigration.

Au regard du droit international, les États-Unis sont tenus de veiller à ce que les droits humains des migrants et des demandeurs d’asile soient respectés, protégés et concrétisés. Les autorités américaines sont aussi tenues de veiller à ce que les mineurs ne soient détenus que dans des circonstances exceptionnelles, et ce pendant la durée la plus courte possible. Le droit et les normes internationaux, y compris les instruments auxquels ce pays est partie, sont fortement défavorables à la détention des migrants et des demandeurs d’asile. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) proclame clairement le droit de ne pas être détenu arbitrairement. La détention ne doit être utilisée qu’en dernier recours ; elle doit être justifiée pour chaque personne concernée et contrôlée par les autorités judiciaires. Elle n’est adaptée que lorsque les autorités peuvent faire la preuve dans chaque cas qu’une telle mesure est nécessaire et proportionnée à l’objectif visé, que les motifs invoqués sont prévus par la loi et que d’autres mesures (obligation de se présenter régulièrement aux autorités ou libération sous caution, par exemple) ne seraient pas efficaces.

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