Embargo immédiat sur les armes à destination du Soudan du Sud

L’opposition politique au sein du Mouvement populaire de libération au Soudan (MPLS) entre le Président, Salva Kiir, et le leader actuel des forces de l’opposition, Reik Machar, est à l’origine du conflit qui sévit actuellement au Soudan du Sud. Début 2013, Riek Machar, alors vice-Président, a publiquement exprimé son désir de défier M. Kiir à la présidence du Mouvement et s’est ensuite porté candidat aux élections générales de 2015. En avril dernier, M. Kiir a retiré les pouvoirs exécutifs attribués à M. Machar. Il a également mis à la retraite des généraux de haut rang, a remplacé deux gouverneurs d’État et, en juillet 2013, a licencié la quasi-totalité de son cabinet, en ce compris M. Machar. Ce dernier, rejoint par d’anciens membres du Mouvement, a dénoncé ces décisions et, lors d’une réunion du Bureau politique du Mouvement le 14 décembre, a accusé M. Kiir de ne pas laisser place au dialogue politique.

Le 15 décembre, à 22h00, des combats ont éclaté dans la capitale, Djouba, entre les soldats de la Garde présidentielle, dégénérant rapidement en confrontation armée entre les forces fidèles à M. Kiir et celles fidèles à M. Machar. Par ailleurs, les membres des forces de sécurité se sont largement divisés selon leur appartenance ethnique ; bon nombre de Dinkas ont confirmé leur allégeance au gouvernement tandis que de nombreux Nuers ont rejoint l’opposition, appelée l’Armée/Mouvement populaire de libération du Soudan (A/MPLS) en opposition au MPLS.

Pendant les premiers jours de combat à Djouba, les forces de sécurité dinka ont ciblé et tué des civils nuers et des soldats qui n’étaient pas en service. Certains civils nuers ont été tués dans leurs maisons lors de fouilles systématiques menées par les forces de sécurité. D’autres auraient été rassemblés et tués. Les forces de sécurité semblent utiliser l’appartenance ethnique comme moyen de déterminer l’allégeance politique. Alors que le conflit se propage dans d’autres régions du pays, rapidement, de nombreux meurtres ont été commis en signe de représailles : l’appartenance ethnique semble désormais constituer le premier critère. Au cours du conflit, de nombreuses grandes villes aux alentours du Soudan du Sud, telles que Bor, Bentiu et Malakal, sont passées alternativement sous le contrôle du gouvernement et sous le contrôle des forces non-gouvernementales. Les observateurs des droits humains ont trouvé des preuves indiquant que, lorsqu’ils étaient sous le contrôle des forces non-gouvernementales, des civils dinkas ont été tués et ont fui en masse ; la même chose s’est produite à l’égard des civils nuers lorsque le contrôle du gouvernement a été rétabli.

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