Restituez les terres volées en Colombie !

Le contrôle des terres est une des causes fondamentales du conflit en Colombie. Huit millions d’hectares ont été abandonnés et volés à leurs propriétaires légitimes ! Il n’y aura pas de paix durable dans ce pays tant que cette question n’aura pas été réglée. « La guérilla était à l’intérieur, les paramilitaires à l’extérieur… et nous, nous étions au milieu ». Los Playones de Pivijay sont des terres que l’État a cédées à 75 femmes paysannes, organisées au sein de l’Association de femmes en milieu rural (ASOMUPROCA), au titre d’un projet gouvernemental visant à augmenter les revenus des femmes « chef de famille ».

Mais, lorsque les femmes sont arrivées, les terres étaient déjà sous le contrôle de la guérilla et, rapidement, la présence paramilitaire s’est fait également sentir. Vivre au milieu du conflit a eu des conséquences immédiates : homicides, disparitions forcées, recrutements forcés, menaces, maisons brûlées. En octobre 1999, une incursion paramilitaire dans une petite ville à proximité a fait trois morts, dont une femme qui a eu les seins mutilés. « Le 14 octobre 1999, nous avons toutes dû partir, en laissant tout derrière nous, ils étaient trop près. Ils ont brûlé nos fermes et ont volé tout le bétail et les animaux que nous avions pour nous nourrir » .

Suite au déplacement forcé, les femmes se sont dispersées. Malgré cela, les persécutions ont continué, et deux femmes ont même été assassinées là où elles s’étaient installées.
Au début, les autorités ont refusé leur déclaration « en tant que population déplacée » et elles ont privé les femmes de leurs terres « pour cause d’abandon ». Les parcelles ont été occupées par des tiers et exploitées économiquement. Il a fallu une décennie de luttes et de soutien juridique de la part de l’organisation de défense des droits humains « Asociacion colectivo mujeres al derecho » (ASOCOLEMAD) pour que la Cour Constitutionnelle reconnaisse ce groupe de femmes ainsi que leurs droits.
Leurs cas figurent dans le processus mis en place par la Loi sur les victimes et les restitutions des terres, mais on craint que des retards administratifs compliquent le retour de ces femmes sur leurs terres. Entretemps, les menaces de mort, les appels téléphoniques intimidants et la surveillance se poursuivent.
L’exemple de Playones de Pivijay n’est qu’un des nombreux cas de communautés paysannes, indigènes et d’ascendance africaine expulsées de leurs terres pendant le conflit armé. Huit millions d’hectares ont été abandonnés et volés. Près de six millions de personnes ont dû abandonner leurs foyers. Dans 45 % des cas, c’est une femme qui est à la tête de ces foyers de familles déplacées.
Exigez du gouvernement colombien qu’il rende les terres volées et qu’il garantisse un retour durable aux propriétaires légitimes.

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