Stanis Bujakera est libre mais sa condamnation doit être annulée

Amnesty International se réjouit de la libération du journaliste congolais Stanis Bujakera survenue le 19 mars en fin de soirée. L’organisation de défense des droits humains déplore qu’il ait dû passer plus de six mois en détention de manière injuste et continue d’appeler à l’annulation pure et simple de sa condamnation.

« La libération de Stanis Bujakera est une excellente nouvelle, mais il n’aurait jamais dû passer un seul jour en prison, insiste Carine Thibaut, directrice de la section belge francophone d’Amnesty International. Nous continuons par ailleurs de nous insurger contre la condamnation honteuse dont il a fait l’objet. Le seul tort de Stanis Bujakera, c’est d’avoir fait son travail de journaliste, contrairement à ce qu’essaient de faire croire les autorités congolaises. Nous sommes face à une injustice criante et à une violation manifeste à la fois de la liberté de la presse et du droit à un procès juste et équitable. »

Éminent journaliste travaillant pour Reuters, Jeune Afrique et le média en ligne congolais Actualité.CD, Stanis Bujakera a été arrêté le 8 septembre 2023 et inculpé quelques jours plus tard de « propagation de rumeurs » et « diffusion de fausses informations » après la publication par Jeune Afrique d’un article contenant des allégations sur l’implication des services de renseignement congolais dans le meurtre du politicien d’opposition Chérubin Okende en juillet 2023.

« Sa condamnation à une période égale à celle qu’il a déjà passée en prison ressemble à une tentative cynique de sauver la face de la part des autorités congolaises face à l’évidence de son innocence et à la pression qu’elles ont subie. »

Malgré l’absence manifeste de toute preuve contre lui, y compris le versement au dossier d’un rapport de contre-expertise technique concluant qu’il était impossible de prouver que Bujakera était le premier émetteur de la note controversée des services de renseignement, le 18 mars, le journaliste a été reconnu coupable de « contrefaçon », de « faux en écriture », d’« usage de faux », de « propagation de faux bruits » et de « transmission d’un message erroné ». Il a été condamné à six mois d’emprisonnement et à une amende d’un million de francs congolais (une somme équivalente à 400 dollars américains). Ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel.

« Étant donné le fait qu’il avait déjà passé plus de six mois en détention préventive, Stanis Bujakera a été libéré hier après le paiement de l’amende qui lui a été infligée, ajoute Carine Thibaut. Sa condamnation à une période égale à celle qu’il a déjà passée en prison ressemble à une tentative cynique de sauver la face de la part des autorités congolaises face à l’évidence de son innocence et à la pression qu’elles ont subie. »

Dès l’arrestation de Stanis Bujakera, Amnesty International s’est mobilisée aux côtés de nombreuses autres organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse pour obtenir la libération du journaliste et dénoncer les charges fallacieuses portées contre lui.

« En Belgique francophone, notre pétition a récolté plus de 10 000 signatures, lesquelles ont servi à mettre la pression sur les autorités congolaises. Si nous prenons aujourd’hui le temps de savourer la libération d’un homme innocent, nous continuerons à exiger non seulement que la condamnation de Stanis Bujakera soit annulée, mais également que Kinshasa respecte les obligations qui lui incombent en matière de de respect de la liberté de la presse et, de manière générale, des droits humains », conclut Carine Thibaut.

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