Causes et conséquences du viol

Causes et conséquences du viol

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Le viol est un crime grave puni par la loi. Largement répandu dans notre société, il fait pourtant l’objet d’une forme de complaisance insupportable. Mieux comprendre les causes et les conséquences du viol permet de rappeler l’urgence de la lutte contre les violences sexuelles et le système qui les entraîne.

CAUSES DES VIOLENCES SEXUELLES

Causes du viol

Le viol n’est en aucun cas provoqué par la tenue d’une femme ou par son attitude. Le viol ne résulte pas d’un quelconque comportement dit « irresponsable » de la part de la victime (sortir tard le soir, rentrer seule chez soi, accepter un verre, etc.). Le viol n’est jamais causé par la victime.

Il reste fondamental de le dire : le viol est causé par le violeur. Quelles que soient les circonstances. Le viol est un choix conscient d’imposer sa domination à l’autre et de le contraindre. Ce n’est pas une pulsion sexuelle soudaine, mais la décision réfléchie d’agresser gravement une autre personne. Ce n’est pas non plus parce qu’« il avait bu » que cela est excusable. Au contraire, la consommation d’alcool est une circonstance aggravante pour l’agresseur devant la loi.

Le viol résulte avant tout du système inégalitaire dans lequel nous vivons. Le modèle patriarcal qui caractérise notre société place généralement les femmes et enfants sous la domination des hommes, sous leur autorité. Femmes et enfants sont ainsi les premières victimes des violences sexuelles. Si de nombreuses avancées ont eu lieu ces dernières années, certaines idées caractéristiques de la culture du viol persistent néanmoins : le corps de la femme, objectifié et hypersexualisé, est toujours considéré comme accessible aux hommes, voire leur étant dû dans le cadre du couple. Par ailleurs, les femmes cumulant plusieurs facteurs de discrimination (les femmes racisées, les femmes porteuses de handicap, les femmes lesbiennes, les femmes trans, les femmes de catégories socioprofessionnelles moins favorisées) sont rendues d’autant plus vulnérables aux violences sexuelles.

Voir aussi : Violences sexuelles et intersectionnalité

Dans le cadre des conflits armés, le viol est aussi utilisé comme arme de guerre pour soumettre et terroriser la population. Encore une fois, il s’agit là d’une stratégie de domination réfléchie visant à détruire le collectif via l’instrumentalisation du corps des femmes. Ces viols s’accompagnent souvent de violences aggravantes (viol avec objets, viol collectif, viol et mutilation des parties génitales etc.).

Voir aussi : Les femmes dans les conflits

Conséquences

Les violences sexuelles sont de graves atteintes aux droits fondamentaux de tout être humain et en résulte une myriade de possibles conséquences pour la victime. Ces violences ont un coût (psychique, social et financier) très important pour les victimes.

Conséquences physiques

Conséquences physiques résultant directement du viol : douleurs aiguës, plaies du vestibule, perforation hyménale, etc., ainsi que la possible transmission d’une infection sexuellement transmissible (IST).

Conséquences physiques pouvant être ressenties par la suite : douleurs chroniques, fatigue intense, maux de tête, troubles digestifs et gynécologiques, palpitations, affections neurologiques, etc. Les violences sexuelles peuvent en effet avoir des conséquences de long terme affectant durablement la santé physique des individus, notamment en lien avec le stress intense qu’elles génèrent. À titre d’exemple, les femmes victimes de violences sexuelles ont ainsi démontré un taux trois fois plus élevé de fibromyalgie — une maladie chronique caractérisée par des douleurs diffuses, des troubles du sommeil et une importante fatigue — que le reste des femmes interrogées.

Conséquences phychologiques

Les conséquences psychologiques se déclinent elles aussi sur le court, moyen et long terme. Si la victime n’est pas accompagnée par des professionel·le·s spécialisé·e·s, celles-ci peuvent s’aggraver. Une liste d’exemples non exhaustive est donnée ici :

  • Confusion, baisse de l’estime de soi, sentiment de honte
  • Anxiété, stress post-traumatique, hypervigilance
  • Dépression
  • Troubles obsessionnels du comportement (TOC), comportements alimentaires perturbés
  • Amnésie traumatique totale ou partielle concernant l’agression ; difficulté de se remémorer les faits avec exactitude, car ces derniers sont stockés dans la mémoire traumatique et non dans la mémoire autobiographique consciente et contrôlée

Tous les phénomènes décrits ci-dessus sont des réactions normales du psyché humain face à des situations anormales.

Un phénomène est notamment détaillé par la Dr Muriel Salmona : l’état de dissociation. Lors d’une agression sexuelle, la victime est paralysée par l’horreur de la situation et sidérée. Cette situation génère une détresse psychologique immense, et le niveau de stress ressenti augmente gravement. Or, le cerveau ne peut gérer cette réponse émotionnelle trop importante et « disjoncte » : le cortex, qui aide à assimiler les évènements et à prendre des décisions, est alors déconnecté de l’amygdale, qui reçoit les émotions. L’amygdale continue donc de recevoir la détresse, la terreur et la douleur, mais elle est isolée du reste du cerveau. Ainsi, la victime se retrouve dans un état dissociatif : elle souffre immensément, mais ne peut produire de réponse émotionnelle ou physique puisque son cortex ne fonctionne plus correctement. Elle est comme anesthésiée émotionnellement (bien qu’une partie de son cerveau continue de recevoir cette terreur et la transformera ensuite en mémoire traumatique) et dans l’incapacité de réagir. Or cet état de dissociation, s’il n’est pas pris en charge, peut conduire la victime à adopter plus tard des conduites dites « dissociantes » (alcool, prise de drogue, prises de risques, relations violentes, etc.) qui lui permettent de retrouver cet état d’anesthésie émotionnelle pour ne pas faire face au souvenir de l’agression.

Il est important de noter que ces conséquences psychotraumatiques étant encore largement méconnues, elles peuvent parfois être utilisées pour discréditer les propos de la victime. Par exemple, penser qu’une personne n’a pas vraiment souffert et que cela n’a pas dû être « si grave » puisqu’elle apparaît calme et détachée, alors qu’elle est en réalité profondément dissociée. Parfois, certains éléments résultant de l’agression sont même utilisés par l’avocat défendant l’agresseur pour la justifier : « Vous voyez qu’elle est instable, elle ne sait pas vraiment ce qu’elle veut ». Une meilleure connaissance de ces éléments permettrait donc d’améliorer l’accueil des victimes de violences sexuelles et leur accès à la justice.

Conséquences sociales

Par ailleurs, la victime peut se voir confronter à différentes difficultés sociales et relationnelles résultant de son agression : isolement social, rupture avec la famille, manque de confiance et établissement d’une relation à l’autre compliquée, difficultés professionnelles, etc.

Voir aussi : Que faire en cas de viol ?

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