« Les autorités bangladaises font preuve d’une intolérance inquiétante à l’égard de ceux qui expriment des opinions dissidentes, à la fois en ligne et hors ligne. Arrêter une mère juste après que son fils ait posté sur les réseaux sociaux un message critiquant le gouvernement est insensé et montre qu’un nouveau cap est franchi au Bangladesh : de nombreuses informations font état d’arrestations arbitraires de responsables et militants de l’opposition en amont de l’élection générale prévue l’an prochain, ce qui instaure un climat de peur et de méfiance.
« Les autorités bangladaises doivent libérer Anisha Siddika immédiatement ou l’inculper rapidement d’une infraction prévue par la loi, conformément aux normes internationales. Elles doivent aussi mettre un terme à leur pratique consistant à procéder à des détentions arbitraires au seul motif de divergences d’opinions. Ce n’est pas un crime d’avoir des opinons politiques différentes ni de les exprimer.
« Au lieu de s’en prendre aux voix critiques, les autorités doivent veiller à ce que les citoyennes et les citoyens puissent exercer leurs droits humains avant, pendant et après l’élection, notamment leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, sans crainte de représailles ni discrimination. »
Complément d’information
Selon le premier rapport d’information sur l’affaire, Anisha Siddika a été interpellée le 20 août au titre des articles 15-3 (« sabotage ») et 25-D (« sanction pour tentative ») de la draconienne Loi sur les pouvoirs spéciaux de 1974. D’après ce rapport, l’enquête a conclu qu’Anisha Siddika s’est rendue « complice » des autres accusés dans le but de commettre « divers actes préjudiciables dans l’intention de causer un sabotage délibéré contre le gouvernement » pour protester contre l’arrestation des leaders de Jamaat-e-Islami, un parti politique d’opposition du Bangladesh. Le 23 août, le Metropolitan Magistrate’s Court de la ville de Khulna a rejeté sa demande de libération sous caution.