« Les autorités éthiopiennes ont fait ces derniers mois une tentative louable pour vider les prisons du pays et libérer les personnes détenues arbitrairement ; elles ne doivent pas les remplir à nouveau en procédant à des arrestations arbitraires et à des incarcérations sans inculpation. Le gouvernement doit réaffirmer sa volonté d’entrer dans une nouvelle ère de respect et de réalisation des droits humains, a déclaré Joan Nyanyuki, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands lacs.
« La plupart des personnes concernées ont été arrêtées pour des infractions présumées qui ne sont pas dûment reconnues par le droit international, comme fumer de la chicha ou consommer du khat. Elles doivent être inculpées d’infractions reconnues par la loi ou remises en liberté. Les personnes arrêtées pour avoir pris part à des manifestations contre les récents affrontements ethniques doivent être libérées immédiatement et sans condition.
« Les autorités doivent également veiller à ce que tous les détenus puissent consulter l’avocat de leur choix et communiquer avec leur famille, et à ce qu’aucun d’entre eux ne subisse des actes de torture ou des mauvais traitements pendant sa détention. »
Complément d’information
Lors d’une conférence de presse à Addis-Abeba, le commissaire de police Degefe Bede a affirmé que les raids effectués ce week-end par les forces de sécurité répondaient à la hausse de la criminalité dans la ville et ciblaient les voleurs et les cambrioleurs. Les forces de l’ordre ont appréhendé près de 3 000 personnes.
D’après le commissaire, environ la moitié – soit 1 459 personnes – ont été arrêtées dans des bars et des fumeries de chicha, 94 pour avoir mâché des feuilles de khat, un narcotique léger, et 31 dans des maisons de jeux. Certaines personnes arrêtées pour avoir mâché du khat et fumé de la chicha ont été relâchées.
Par ailleurs, 1 200 jeunes ont été appréhendés pour avoir pris part aux manifestations du 15 septembre contre les violences ethniques à Burayu et emmenés au camp militaire de Tolay, dans le sud-ouest de l’Éthiopie, où ils sont détenus de manière arbitraire pour suivre un programme éducatif de « réadaptation ».