Cet établissement pénitentiaire, également connu sous le nom de Gharchak, est une ferme volaillère désaffectée où s’entassent, dans de mauvaises conditions d’hygiène, plusieurs centaines de femmes déclarées coupables d’infractions violentes, qui n’ont pas accès à l’eau potable, une alimentation décente, des médicaments ni de l’air frais. Selon l’administration de la prison, les détenues subissent de nombreuses agressions, commises tant par des codétenues que par des surveillants, et la consommation de drogue et les maladies infectieuses sont endémiques.
« Au vu des conditions déplorables qui caractérisent la prison de Shahr-e Rey, Golrokh Ebrahimi Iraee et Atena Daemi - toutes les deux incarcérées à tort en raison de leur militantisme pacifique en faveur des droits humains - risquent fort d’être victimes d’agressions et d’autres formes de violence et exposées à des maladies infectieuses, outre la surpopulation et le mauvais assainissement. », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.
« Nous sommes profondément inquiets pour leur sécurité et leur bien-être. Personne ne devrait être emprisonné dans des conditions aussi épouvantables »
Les autorités iraniennes n’ont jamais pris en considération les préoccupations concernant le traitement inhumain des détenues à la prison de Shahr-e Rey. Au contraire, elles ont souvent menacé des prisonnières d’opinion connues pour leur franc-parler de les transférer à Shahr-e Rey et ont parfois mis ces menaces à exécution.
Golrokh Ebrahimi Iraee et Atena Daemi ont été transférées de la prison d’Evin, à Téhéran, à celle de Shahr-e Rey le 24 janvier. Elles ont déclaré qu’elles avaient été victimes d’agressions verbales et physiques, notamment d’insultes à caractère sexuel et de coups de poing et pied, de la part de surveillants de sexe masculin, après avoir protesté que leur transfèrement était illégal et bafouait la législation iranienne sur la séparation entre les différentes catégories de détenus. Elles observent une grève de la faim depuis lors.
L’époux de Golrokh Ebrahimi Iraee, Arash Sadeghi, également défenseur des droits humains et prisonnier d’opinion, a entamé une grève de la faim le 27 janvier. Il réclame le retour de son épouse et d’Atena Daemi à la prison d’Evin, en attendant leur libération.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par l’état de santé d’Arash Sadeghi, qui proteste contre le traitement cruel et illégal infligé à son épouse par les autorités iraniennes. Il était déjà affaibli par ses grèves de la faim précédentes et celle-ci pourrait mettre sa vie en danger, a déclaré Magdalena Mughrabi.
« On constate une fois encore que les personnes qui osent défendre les droits humains en Iran, où toute forme de dissidence et de militantisme pacifique est incriminée par les autorités, évoluent dans un environnement terrible. Arash Sadeghi, Golrokh Ebrahimi Iraee et Atena Daemi sont des prisonniers d’opinion, qui œuvrent courageusement en faveur d’une société plus humaine et plus juste. Il est consternant qu’ils soient punis avec tant de brutalité pour leur engagement inébranlable envers les droits humains. Ils doivent être libérés immédiatement et sans condition. »
Complément d’information
Golrokh Ebrahimi Iraee purge une peine de trois ans d’emprisonnement pour avoir écrit un récit de fiction, qui n’a jamais été publié, sur la pratique de la lapidation des femmes considérées comme adultères.
Atena Daemi purge une peine de sept ans d’emprisonnement pour son militantisme pacifique, notamment pour avoir distribué des tracts contre la peine de mort et diffusé sur Facebook et Twitter des messages dénonçant les exécutions en Iran.
C’est la deuxième fois qu’Arash Sadeghi observe une grève de la faim pour défendre sa femme. Il a entamé une grève prolongée en octobre 2016, lorsque sa femme a été emprisonnée pour la première fois. Les médecins ont indiqué à plusieurs reprises qu’il devait être hospitalisé sur une longue période afin de bénéficier d’une prise en charge spécialisée car ses problèmes de santé se sont aggravés. Il ne peut plus consommer d’aliments solides et souffre de graves complications digestives, rénales et respiratoires, de saignements abdominaux et d’arythmie cardiaque. Cependant, les autorités empêchent intentionnellement son hospitalisation pour le faire souffrir et le punir. Amnesty International a déjà déclaré que ces pratiques abusives s’apparentaient, en pareilles circonstances, à des actes de torture.
En septembre 2017, l’organisation a lancé une campagne exhortant les autorités iraniennes à cesser de réprimer les défenseurs des droits humains et à leur permettre de mener leurs activités dans un environnement sûr, sans avoir à craindre de persécutions.