Ces expulsions forcées font partie du projet des autorités israéliennes de construction d’un nouveau quartier pour la ville de Dimona, dont les habitant·e·s sont majoritairement des Israélien·ne·s juifs. Les habitant·e·s de Ras Jrabah seront réinstallés dans une ville bédouine pauvre et soumise à la ségrégation, non loin de là.
« Ce jugement montre que la législation israélienne très discriminatoire en ce qui concerne la propriété foncière agricole et immobilière est utilisée pour mettre en œuvre la politique d’apartheid israélienne contre les citoyen·ne·s palestiniens d’Israël, qui se voient systématiquement nier les mêmes droits que les Israëlien·ne·s juifs. Le temps est compté pour les habitant·e·s de Ras Jrabah, qui ne disposent que de quelques mois pour s’apprêter à tout quitter et pour abandonner le lieu où ils ont toujours vécu afin de permettre l’expansion de la ville de Dimona, dont la population est majoritairement juive. Les autorités israéliennes cherchent une fois de plus à réduire la présence des Palestiniens dans la région du Néguev/Naqab, sous prétexte d’aménagement urbain, a déclaré Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
« Ce jugement souligne la nécessité de démanteler sans plus tarder le système israélien d’apartheid. Il faut que la communauté internationale fasse pression sur les autorités israéliennes afin qu’elle abandonne ces projets impitoyables et sa politique d’expulsion forcée des Palestinien·ne·s dans la région du Néguev/Naqab. »
Comme de nombreux Bédouins palestiniens de la région du Néguev/Naqab, dans le sud d’Israël, les habitant·e·s de Ras Jrabah vivent dans leur village depuis plusieurs générations, ce dont le gouvernement israélien refuse de tenir compte. L’Autorité foncière israélienne affirme que la présence des villageois·e·s gêne l’expansion de la ville de Dimona. Et ce, alors même que ces personnes ont demandé à être intégrées dans le nouveau quartier – demande que les autorités israéliennes ont rejetée.
Comme l’a souligné Adalah [1], l’association juridique qui représente les habitants, le projet d’expulsion de Ras Jrabah s’inscrit dans le cadre d’une vaste politique de remplacement des Palestinien·ne·s bédouins par des Israélien·ne·s juifs dans la région du Néguev/Naqab.
Complément d’information
Selon Adalah, l’Autorité bédouine de développement et de colonisation dans le Néguev, l’organisme gouvernemental israélien responsable de la réinstallation des Bédouins palestiniens déplacés, a refusé d’envisager la possibilité d’intégrer Ras Jrabah dans Dimona. L’Autorité bédouine a déclaré qu’elle est seulement autorisée à proposer des solutions dans des villes bédouines, et non dans des villes juives, et qu’il est uniquement possible de réinstaller les habitant·e·s de Ras Jrabah dans la ville bédouine de Qasr Al Sir, non loin de là.
Ras Jrabah a une superficie d’environ 34 hectares sur des terres appartenant à la tribu Al Hawashleh, et ses habitant·e·s s’y sont installés bien avant la création de Dimona. Le rapport de 2022 d’Amnesty International sur le système d’apartheid d’Israël montre que des lois discriminatoires sur l’aménagement du territoire ont été adoptées afin d’octroyer un maximum de terres et de richesses aux Israélien·ne·s juifs aux dépens des Palestinien·ne·s.