« Les dernières actions des autorités kirghizes constituent une attaque flagrante contre le droit à la liberté d’expression et compromettent gravement les obligations qui incombent au Kirghizistan en vertu du droit international relatif aux droits humains. Les descentes à l’aube au domicile des journalistes, leur détention pour des chefs d’accusation vagues et trop généraux, et le refus de leur donner accès à une représentation juridique, sont des signes inquiétants d’une escalade de la répression contre les voix critiques au Kirghizstan, a déclaré Maisy Weicherding, chargée de recherches sur l’Asie centrale à Amnesty International.
« L’utilisation d’accusations vagues et infondées, notamment " incitation à l’agitation sociale " et " propagande en faveur de la guerre " met en évidence le caractère arbitraire de ces procédures pénales. Les autorités kirghizes doivent cesser de réprimer la dissidence et libérer immédiatement et sans condition ces journalistes et toutes les personnes qui se trouvent derrière les barreaux, uniquement pour avoir exprimé leurs opinions et leurs idées. »
Complément d’information
Le 16 janvier, au cours d’une lourde opération de police, 11 journalistes, dont certains collaborent aux chaînes Temirov Live et Ait Ait Dese, ont été conduits au ministère de l’Intérieur pour interrogatoire. Parmi les personnes ciblées figurait Makhabat Tazhibek, l’épouse du journaliste d’investigation Bolot Temirov, qui avait précédemment été expulsé du Kirghizistan.
Les 11 journalistes sont connus pour leur implication passée ou présente dans les projets de Temirov. Lorsqu’ils sont arrivés pour être interrogés, ils n’ont pas été autorisés à consulter un avocat.
Selon le ministère de l’Intérieur, les nombreuses perquisitions et détentions s’inscrivaient dans le cadre d’une enquête pénale sur des allégations d’« appels à la désobéissance active […] et à des émeutes de masse, ainsi que des appels à la violence contre les citoyens » (article 278-3 du Code pénal) émanant de « contenus sur les réseaux sociaux » non précisés.
Amnesty International constate la détérioration du droit à la liberté d’expression au Kirghizistan, notamment la fermeture ou la restriction des activités des médias indépendants
Le 15 janvier, des responsables de l’application des lois ont effectué une perquisition à l’agence de presse 24.kg [1] à Bichkek, ont saisi des équipements et posé les scellés sur les locaux, dans le cadre d’une affaire pénale pour « propagande en faveur de la guerre » (article 497 du Code pénal). Les responsables de l’agence, dont la directrice générale Asel Otorbaeva et le rédacteur en chef Anton Lymar, ont été détenus pour interrogatoire, avant d’être libérés. Ils ont de nouveau été convoqués pour interrogatoire le 17 janvier.
Amnesty International constate la détérioration du droit à la liberté d’expression au Kirghizistan, notamment la fermeture ou la restriction des activités des médias indépendants et les poursuites pénales engagées contre des militant·e·s, notamment dans l’affaire dite de Kempir-Abad.