« Cela n’aura échappé à personne : nous vivons des heures très sombres, marquées par de graves et nombreuses violations des droits humains, explique Carine Thibaut, directrice de la section belge francophone d’Amnesty International. Dans cette obscurité, plus que jamais, il est essentiel que nous continuions d’allumer des petites lumières, comme c’est le cas lorsque nous prenons part à une manifestation pacifique, signons une pétition, écrivons une lettre en faveur d’une personne dont les droits sont bafoués ou achetons une bougie que nous allumons le soir du 10 décembre. Lorsque nous nous mobilisons, nous pouvons changer des vies. »
Afin de garantir son indépendance, Amnesty International finance sa mission de défense des droits humains quasi exclusivement grâce aux dons et aux cotisations de ses membres et sympathisant·es. Pour cette raison, les ventes de bougies et d’autres produits labellisés Amnesty International durant la campagne de fin d’année constituent un moment crucial pour l’organisation. Ainsi, du 21 novembre au 10 décembre, des centaines de bénévoles se mobiliseront en organisant des stands de vente dans les supermarchés, les écoles, les lieux publics etc., ou en sollicitant leurs propres réseaux. Les bougies seront également en vente sur la boutique en ligne, de même que d’autres articles, tels les produits « upcyclés » créés à partir des bâches et des affiches ayant servi à exiger la libération d’Olivier Vandecasteele.
« Refusant de laisser triompher l’injustice, partout sur la planète des personnes s’élèvent courageusement en faveur des droits humains. Et elles le paient souvent au prix fort »
Tout aussi crucial, le Marathon des lettres est la déclinaison en Belgique francophone de la plus grande campagne mondiale en faveur des droits humains, dont l’objectif est de récolter le maximum de lettres, de cartes de soutien et de signatures de pétitions en faveur de dix personnes ou groupes de personnes dont les droits fondamentaux sont foulés au pied à travers le monde.
« Refusant de laisser triompher l’injustice, partout sur la planète des personnes s’élèvent courageusement en faveur des droits humains. Et elles le paient souvent au prix fort, indique Carine Thibaut. Pour témoigner notre solidarité envers ces personnes et agir concrètement en vue d’améliorer leur situation, nous appelons le public à se mobiliser en masse en couchant quelques mots sur du papier et/ou en signant une pétition. L’expérience a montré que ce type d’action fait vraiment la différence, apporte de l’espoir et change des vies ; plus nous serons nombreux et nombreuses à nous manifester et plus nous pourrons être efficaces. »
Une action simple et réellement efficace
En 2022, le Marathon des lettres a permis d’enregistrer une victoire majeure. En effet, Cecillia Chimbiri et Joanah Mamombe, deux Zimbabwéennes qui avaient été enlevées, battues, agressées sexuellement et emprisonnées après avoir mené une manifestation pacifique, ont vu leur situation évoluer positivement. Inculpées puis accusées de mensonges et d’entrave à la justice, elles ont été déclarées non coupables et acquittées suite notamment à l’intense mobilisation de centaines de milliers de membres et de sympathisant·es d’Amnesty International à travers le monde. Depuis 23 ans et la première édition de la campagne, ce sont 107 personnes qui ont vu leur situation évoluer favorablement, soit 52 % des individus soutenus par Amnesty International dans le cadre du Marathon des lettres.
En Belgique francophone, l’édition 2022 du Marathon des lettres a permis de récolter 36 733 lettres et 145 678 signatures, lesquelles ont été remises aux ambassades des pays concernés par les violations des droits humains mises en exergue dans le cadre de la campagne. Au niveau mondial, c’est plus de 5,3 millions de lettres, de signatures, de cartes, etc. qui ont été récoltées.
« Prendre part à cette grande campagne d’envergure mondiale est très simple : il suffit de se rendre à l’un des nombreux évènements organisés par les groupes locaux d’Amnesty International à Bruxelles et en Wallonie. Mais il existe un autre moyen, tout aussi efficace et convivial : organiser soi-même une séance d’écriture de lettres en famille, entre amis, entre collègues, etc. Toutes les informations sont disponibles en quelques clics sur notre site », précise Carine Thibaut.
Cette année, le public pourra agir pour ces personnes ou groupes de personnes :
- Chima Issa, une militante tunisienne, est déterminée à tenir tête aux autorités, bien que cela lui ait coûté sa liberté. En attente de son jugement, elle encourt des années d’emprisonnement, voire une condamnation à mort.
- Rita Karassartova est assignée à résidence au Kirghizistan pour avoir manifesté pacifiquement afin de protéger un réservoir d’eau potable.
- Thapelo Mohapi, dirigeant du mouvement Abahlali baseMjondolo (AbM) pour l’amélioration des conditions de vie de la population en Afrique du Sud, est en danger et contraint de vivre caché.
- Thulani Maseko a été tué à son domicile pour avoir dénoncé les lois répressives et la violence excessive de l’État en Eswatini. Aucune personne n’a été tenue responsable de ce meurtre.
- Rocky Myers, un Afro-Américain, est dans le couloir de la mort en Alabama depuis 1994 pour le meurtre de sa voisine suite à un cambriolage qui aurait mal tourné. Aujourd’hui, Rocky Myers risque à tout moment d’être exécuté pour un crime qu’il n’a peut-être pas commis.
- Ahmed Mansoor, un défenseur des droits humains, est emprisonné dans une cellule d’isolement sans lit pour avoir dénoncé les problèmes au sein du système judiciaire et les lois nationales des Émirats arabes unis.
- Justyna Wydrzyńska a été condamnée en Pologne car elle a aidé une femme qui se trouvait dans une relation violente à accéder à un avortement sécurisé.
- Uncle Paul et Uncle Pabai, dirigeants autochtones du peuple Guda Maluyigal en Australie, menacé par le changement climatique. Ils assignent le gouvernement australien en justice pour protéger leurs terres, leur culture et leur communauté.
- Ana Maria Santos Cruz, au Brésil, est la mère du militant Pedro Henrique (assassiné pour avoir dénoncé les abus policiers) ; elle se bat sans relâche pour que justice lui soit rendue. Les policiers soupçonnés d’avoir commis cet homicide sont encore en poste et leur procès n’a pas encore commencé.
- Maung Sawyeddollah avait 15 ans lorsque l’armée du Myanmar a lancé une campagne meurtrière contre les Rohingyas, amplifiée par les algorithmes de Facebook. Aujourd’hui, Maung Sawyeddollah et d’autres membres de sa communauté exigent de Meta qu’elle répare les torts qu’elle a causés.