« Dans leur réponse à ces violences, les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée doivent veiller à protéger les droits humains et à éviter toute nouvelle perte en vies humaines. Le recours à une force injustifiée ou excessive par les représentants des forces de l’ordre ne fera qu’aggraver les tensions. Fait des plus inquiétants, une directive de la police en vigueur autorise le recours à la force meurtrière, en violation des normes relatives aux droits humains. Tous les agents des forces de l’ordre ont la responsabilité de faire respecter le droit à la vie et de protéger les manifestant·e·s pacifiques, a déclaré Kate Schuetze, chercheuse sur le Pacifique au sein d’Amnesty International.
« Les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée doivent mener une enquête rapide, efficace et indépendante sur tous les décès survenus et veiller à ce que les responsables répondent de leurs actes, dans le respect du droit à un procès équitable »
« L’état d’urgence ayant été décrété, le risque est manifeste que d’autres abus et violations des droits humains ne se produisent dans le cadre de la réponse des autorités à la situation actuelle. Les fonctions de maintien de l’ordre doivent être exercées de manière à respecter pleinement les obligations en matière de droits humains, en particulier le droit à la vie.
« Les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée doivent mener une enquête rapide, efficace et indépendante sur tous les décès survenus et veiller à ce que les responsables répondent de leurs actes, dans le respect du droit à un procès équitable. »
Complément d’information
Des pillages et des manifestations ont éclaté à Port Moresby et à Lae le mercredi 10 janvier, quelque 200 militaires et policiers ayant décidé de quitter leur travail vers 10 heures ce matin-là.
Ils ont déclaré que des baisses salariales injustifiées leur avaient causé des problèmes financiers. Ils se sont rendus au Parlement pour faire part de leurs préoccupations directement au Premier ministre, qui a depuis publié une déclaration laissant entendre que les autorités s’efforcent de corriger cette « erreur ».
Dans la soirée du 10 janvier, des émeutes, des pillages et des dégradations ont été signalés dans tout Port Moresby, plusieurs bâtiments étant en feu. Les hôpitaux ont indiqué avoir reçu des patients brûlés ou blessés par balle.
Au 11 janvier, le bilan s’élevait à au moins 16 morts. On ignore encore les circonstances exactes de ces décès, notamment qui sont les responsables. On recense neuf victimes dans la capitale Port Moresby et sept à Lae, la deuxième ville du pays.
Dans la matinée du 11 janvier, le gouvernement a déployé une réponse militaire et annoncé l’arrivée de militaires et de policiers venus par avion en renfort d’autres provinces pour rétablir l’ordre public.
Le 11 janvier, le commissaire de police David Manning a appelé tous les habitants de Port Moresby à « quitter les rues » et à « rentrer chez eux ». Il a fait référence aux ordres permanents concernant l’usage de la force et des armes à feu entrés en vigueur en 2023, qui autorisent le recours à la force meurtrière contre toute personne portant une machette. Selon Amnesty International, ces ordres violent le droit international relatif aux droits humains.
Les armes à feu ne sont jamais appropriées pour maintenir l’ordre lors de manifestations, et tout recours à la force potentiellement meurtrière doit être strictement nécessaire face à une menace imminente de mort ou de blessure grave – et même dans ce cas, il doit être limité de manière à ne viser que les individus représentant une telle menace.
Le 11 janvier en fin de journée, le Premier ministre a décrété l’état d’urgence pour 14 jours en Papouasie-Nouvelle-Guinée et a suspendu le commissaire de police David Manning et plusieurs hauts fonctionnaires.
Comme nombre de pays dans le monde, la Papouasie-Nouvelle-Guinée connaît une forte hausse du coût de la vie ces derniers mois ; aussi, les problèmes de rémunération des policiers et des fonctionnaires ont pu avoir un impact important sur des difficultés financières existantes. Les Nations unies recommandent un rapport police/population d’un policier pour 220 habitants, alors qu’il est actuellement de 1 pour 1 145 en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La police manque donc cruellement de personnel et d’équipement pour remplir efficacement son rôle de maintien de l’ordre.