« Les défenseur·e·s des droits humains, les militant·e·s, les avocat·e·s, les paysan·ne·s, les habitant·e·s pauvres des zones urbaines : personne n’échappe aux assassinats commis de sang froid aux Philippines sous le régime de Rodrigo Duterte, même dans le contexte de la pandémie de COVID-19, a déclaré Butch Olano, directeur d’Amnesty International Philippines.
Le fait de qualifier certaines personnes et certains groupes de communistes ou de « terroristes » a entraîné des menaces de mort et l’assassinat de militants et de défenseurs des droits humains tels que Zara Alvarez, ce qui génère toujours plus de violence meurtrière. Son assassinat intervient quelques jours seulement après celui de Randy Echanis, un autre militant qui avait été qualifié de « rouge », et qui a été tué à son domicile.
« Ce cycle de la violence doit être stoppé. Après des milliers d’assassinats, il revient manifestement à la communauté internationale de mener de toute urgence une enquête indépendante sur les exécutions extrajudiciaires et les violations des droits humains perpétrées aux Philippines afin de mettre un terme à l’impunité généralisée et à la violence meurtrière qui règnent sous le régime de l’actuel gouvernement, d’établir les faits, et de prendre les mesures nécessaires pour garantir la justice pour les victimes et leurs proches. »
Complément d’information
Dans la soirée du 17 août 2020, la défenseure des droits humains Zara Alvarez, qui était âgée de 39 ans, a été tuée par balle par des agresseurs non identifiés à Bacolod, dans la province du Negros occidental. Elle était assistante juridique pour l’organisation de défense des droits humains Karapatan et faisait de la recherche et du travail de plaidoyer pour le Negros Island Health Integrated Program.
Son assassinat intervient peu après celui de Randall « Randy » Echanis, militant également et défenseur de la paix, tué à son domicile à Quezon City le 10 août 2020. Les noms de ces deux défenseurs figuraient parmi ceux de centaines d’autres personnes que le ministère de la Justice avait demandé à un tribunal de qualifier de « terroristes » en 2018. Leur nom et ceux d’autres personnes ont finalement été retirés de cette liste, qui comprenait initialement celui de Victoria Tauli-Corpuz, alors rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Sous le régime du gouvernement de Rodrigo Duterte, des défenseurs des droits humains, des militants, des avocats, des paysans et des détracteurs de la politique de ce gouvernement ont été accusés d’être communistes ou d’être des « terroristes ». En conséquence, un grand nombre de ces personnes ont été vilipendées, harcelées, poursuivies en justice et arrêtées de façon arbitraire, et d’autres ont été tuées dans des circonstances qui restent non élucidées mais ces attaques sont manifestement liées à leur travail.
En juin 2020, la haut-commissaire aux droits de l’homme a publié un rapport sur la crise des droits humains aux Philippines exposant des informations détaillées sur les graves violations des droits humains qui continuent d’être perpétrées dans le pays, notamment sur les exécutions extrajudiciaires généralisées et systématiques. Les informations contenues dans ce rapport sont conformes aux conclusions d’Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains. Comme le souligne le rapport, les violations continuent d’être favorisées par un climat d’impunité quasi totale et par des encouragements persistants venant des plus hauts échelons du gouvernement.
Sur la base du rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Amnesty International demande au Conseil des droits de l’homme des Nations unies de prendre les mesures nécessaires pour mettre en place un mécanisme international et indépendant chargé d’enquêter sur les exécutions extrajudiciaires et sur les autres violations commis dans le pays depuis 2016, en vue de contribuer au respect de l’obligation de rendre des comptes.