« L’utilisation de Pegasus pour la surveillance des communications au Salvador révèle une nouvelle menace pour les droits humains dans le pays. Les autorités doivent mettre fin à toutes les mesures visant à restreindre la liberté d’expression et mener une enquête approfondie et impartiale en vue d’identifier les responsables, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International.
« Il est inacceptable que les informations faisant état de harcèlement et de menaces visant des journalistes et des défenseur·e·s des droits humains, qui travaillent dans un environnement hostile et courent de graves risques, se multiplient au Salvador. La communauté internationale doit se tenir aux côtés des défenseur·e·s des droits humains et des journalistes qui réclament le respect des droits fondamentaux. »
« Les autorités doivent mettre fin à toutes les mesures visant à restreindre la liberté d’expression »
Depuis l’entrée en fonction du président Nayib Bukele en 2019, la situation des droits humains dans le pays se détériore rapidement. La liberté d’expression est l’un des droits les plus entravés : des représentants de l’État ont exprimé publiquement et à répétition leur refus d’accepter la dissidence et ont cherché à discréditer ceux qui dénoncent les pratiques des autorités qui piétinent ou menacent les droits fondamentaux.
Dans ce contexte, en novembre 2021, il a été rendu public que plusieurs journalistes et membres d’organisations de la société civile ont reçu une alerte d’Apple les avertissant qu’ils étaient probablement soumis à une surveillance ciblée par des « attaquants parrainés par l’État ».
Le Security Lab d’Amnesty International a analysé en toute indépendance les données techniques d’un échantillon de personnes identifiées comme des cibles de Pegasus dans le cadre des investigations menées conjointement par Access Now et Citizen Lab. Cet échantillon incluait plusieurs journalistes travaillant pour deux médias. L’analyse médicolégale a confirmé que chaque appareil avait été infecté avec succès par le logiciel espion Pegasus de NSO Group. La première preuve d’infection dans les appareils testés datait du 30 juillet 2020 – ou autour de cette date. Les signes de menace ou de tentative de ciblage se sont poursuivis jusque récemment, jusqu’au 15 novembre 2021.
La liberté d’expression est l’un des droits les plus entravés : des représentants de l’État ont exprimé publiquement et à répétition leur refus d’accepter la dissidence
« Cette enquête montre qu’une fois de plus, le logiciel espion Pegasus est utilisé abusivement dans le monde pour surveiller illégalement des journalistes à grande échelle, même après les révélations fracassantes du Projet Pegasus, a déclaré Erika Guevara-Rosas.
« Jusqu’à présent, ce qui a été fait au niveau mondial pour endiguer la surveillance ciblée illégale n’est pas suffisant. Les gouvernements doivent adopter un moratoire mondial sur la vente, le transfert et l’utilisation des logiciels espions, jusqu’à ce que des garanties réglementaires relatives aux droits humains soient mises en place. »