Zimbabwe, les élections sont entachées par des arrestations arbitraires et la crainte d’une coupure d’Internet

Zimbabwe, les élections sont entachées par des arrestations arbitraires et la crainte d'une coupure d'Internet

Les élections générales au Zimbabwe ont été marquées par des allégations d’intimidation visant des électeurs, l’arrestation de membres du personnel d’organisations de la société civile et des craintes croissantes concernant une coupure d’Internet, a déclaré Amnesty International jeudi 24 août.

« Nous sommes profondément préoccupés par les informations inquiétantes faisant état d’actes d’intimidation généralisés visant les électeurs, commis par Forever Associates of Zimbabwe, une organisation suspecte qui serait liée au parti au pouvoir », a déclaré Khanyo Farisè, directrice adjointe pour l’Afrique australe à Amnesty International.

« Les autorités doivent permettre à chaque personne d’exercer librement ses droits fondamentaux, notamment les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique, d’association et d’accès à l’information, avant, pendant et après les élections. La répression croissante contre l’exercice des droits humains et l’impunité des responsables doivent cesser. »

Internet dégradé à l’approche des élections

On craint également de plus en plus que la connectivité Internet ait été altérée au Zimbabwe. NetBlocks a signalé [1] que la qualité de l’accès à Internet s’est détériorée le 22 août 2023, affectant des millions de personnes qui dépendent d’Internet pour accéder à l’information.

Les autorités zimbabwéennes n’ont par ailleurs pas communiqué d’informations sur la cause des problèmes de connectivité à Internet, ni sur les mesures prises pour y remédier.

« Amnesty International appelle les autorités à respecter, protéger, promouvoir et mettre en œuvre les droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information, qui sont inscrits dans la Constitution zimbabwéenne et dans des traités relatifs aux droits humains, notamment la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, auxquels le Zimbabwe est partie. L’accès à l’information est un droit humain. Les autorités zimbabwéennes doivent garantir un accès fiable et illimité à Internet avant, pendant et après les élections », a déclaré Khanyo Farisè.

Des rapports diffusés en ligne ont également indiqué qu’environ 40 membres du personnel travaillant pour des organisations de la société civile, comme le Centre de ressources électorales et le Réseau de soutien électoral du Zimbabwe, ont été soumis à une arrestation arbitraire le 23 août et sont actuellement en détention. Ces arrestations arbitraires ont eu lieu après que le Forum des ONG du Zimbabwe a publié un rapport [2] décrivant les irrégularités qu’il a observées le jour des élections.

« Les membres de la société civile qui ont été arrêtés doivent être libérés immédiatement et sans condition, et les biens confisqués par la police doivent être immédiatement restitués. Les membres du personnel des organisations de la société civile ne devraient jamais être confrontés à l’intimidation et au harcèlement simplement parce qu’ils font leur travail. »

Complément d’information

Des élections présidentielles, parlementaires et locales se tiennent actuellement au Zimbabwe. Le scrutin qui devait se dérouler de 7 heures à 19 heures le 23 août a dû être prolongé [3] dans de nombreux bureaux de vote à Harare et à Bulawayo. De nombreux bureaux n’ont pas pu ouvrir à l’heure en raison de l’incapacité de la Commission électorale à distribuer les bulletins de vote à temps - certains bureaux n’ont pas reçu les bulletins avant 16 heures. Le vote a par conséquent été prolongé jusqu’au 24 août.

Le pays a déjà connu des élections violentes et contestées, les partis d’opposition accusant à plusieurs reprises l’Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (ZANU-PF), le parti au pouvoir, d’être à l’origine des attaques.

Amnesty International a précédemment recensé des violations similaires des droits humains liées à des élections dans le pays, notamment en 2008 lorsque plus de 200 personnes ont été tuées pendant et après le scrutin, dans le cadre de violences contre des sympathisant·e·s de l’opposition.

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