En outre, l’organisation a des doutes quant à l’indépendance et à l’impartialité de la commission, qui comprend un candidat à l’élection présidentielle du 30 juillet ayant critiqué le fait que les partis d’opposition contestent les résultats du vote et une universitaire qui a exprimé publiquement son soutien au parti au pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF). Les membres de la commission qui entretiennent des liens forts avec la ZANU-PF ou la soutiennent ouvertement sont susceptibles de compromettre l’indépendance et l’impartialité de l’enquête et d’exposer celle-ci à une ingérence.
« Les Zimbabwéen-ne-s méritent de savoir ce qui s’est passé lors de la période sanglante qui a suivi les élections, y compris qui a abattu six personnes, qui a donné l’ordre de tirer et qui était responsable du déploiement des militaires. Malheureusement, le mandat actuel de la commission d’enquête ne le permettra peut-être jamais, a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe du programme Afrique australe à Amnesty International.
« Il faut que les autorités montrent que la commission n’est pas un artifice destiné à masquer les atteintes aux droits humains commises à la suite des élections. La première étape consiste à élargir le mandat de la commission afin qu’elle enquête sur les violences imputables à toutes les parties en présence. »
« Les Zimbabwéen-ne-s méritent de savoir ce qui s’est passé lors de la période sanglante qui a suivi les élections, y compris qui a abattu six personnes, qui a donné l’ordre de tirer et qui était responsable du déploiement des militaires. »
Amnesty International appelle également l’État à garantir que tous les témoins effectuant des déclarations devant la commission seront protégés.
« Au vu du climat politique répressif qui prévaut au Zimbabwe et de la purge postélectorale des opposants lancée par le régime, il est possible que de nombreuses personnes craignent de témoigner, a déclaré Muleya Mwananyanda.
« Il faut que la commission s’efforce d’adhérer aux normes internationales afin de mener une enquête approfondie, impartiale et efficace, et qu’elle veille à ce que des garanties adéquates soient en place pour protéger les témoins. »
Par ailleurs, Amnesty International demande aux autorités de faire en sorte que la commission d’enquête travaille en public et d’établir un calendrier d’activité clair. Il est impératif que le rapport dans lequel la commission formulera ses recommandations soit rendu public dès son achèvement.
Complément d’information
Au moins six personnes ont été tuées dans des violences à la suite des élections qui se sont tenues le 30 juillet au Zimbabwe et des dizaines ont été arrêtées arbitrairement dans le cadre d’une répression des partisans du Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Ce parti d’opposition avait contesté les résultats officiels qui donnaient vainqueur le président Emmerson Mnangagwa.
Le 29 août, le président Emmerson Mnangagwa a annoncé la création d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les violences postélectorales. Les sept membres nommés sont :
- Kgalema Motlanthe, ancien président de la République d’Afrique du Sud ;
- Rodney Dixon, avocat britannique ;
- Emeka Anyaoku, ancien secrétaire général du Commonwealth ;
- Davis Mwamunyange, ancien chef d’état-major des armées de Tanzanie ;
- Lovemore Madhuku, professeur à la faculté de droit de l’université du Zimbabwe et candidat à l’élection présidentielle de juillet 2018 ;
- Charity Manyeruke, professeure à la faculté de sciences politiques de l’université du Zimbabwe ;
- Vimbai Nyemba, ancienne présidente de l’Association des juristes du Zimbabwe.