Éthiopie, les progrès pour la liberté de la presse sont menacés

Le gouvernement éthiopien risque de remettre en cause les progrès importants réalisés en 2018 en faveur de la liberté de la presse, a déclaré Amnesty International, après que les autorités ont annoncé leur intention d’inculper des journalistes et des médias pour la diffusion d’informations concernant les forces armées.

Depuis la prise de fonction du Premier ministre Abiy Ahmed en avril 2018, son gouvernement a annulé la loi répressive sur la société civile et a libéré des dizaines de journalistes et de blogueurs qui étaient détenus. Selon le Comité pour la protection des journalistes, il n’y avait plus aucun journaliste derrière les barreaux à la fin de l’année 2018, ce qui a permis à l’Éthiopie de faire un bond de 40 places dans le classement mondial de la liberté de la presse 2019.

Toutefois, à la suite d’une vague d’arrestations de journalistes ces dernières semaines, le ministère de la Défense a annoncé le 8 juillet 2019 qu’il prévoyait d’inculper des journalistes et des médias pour « avoir publié des informations diffamatoires sur les forces de défense nationale éthiopienne ».

« Après avoir avancé à grands pas en faveur de la liberté de la presse, le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed a été encensé et a eu l’honneur d’accueillir en 2019 la Journée mondiale de la liberté de la presse », a déclaré Joan Nyanyuki, directrice du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs d’Amnesty International.

« Cette nouvelle vague d’arrestations constitue une mesure fortement rétrograde qui risque de faire reculer les progrès constatés en 2018. Tous les journalistes qui ont été arrêtés doivent être libérés immédiatement et toutes les charges retenues contre eux doivent être abandonnées sans condition. »

Berihun Adane, rédacteur en chef de la chaîne privée Asrat TV et de l’hebdomadaire Berera, a été arrêté le 26 juin, tandis qu’Elias Gebru, rédacteur en chef du magazine Enqu, qui ne paraît plus depuis 2014, a été arrêté le 6 juillet.

Les deux journalistes ont été inculpés au titre de la Loi antiterroriste de 2009, qui a été utilisée par des gouvernements précédents pour porter des accusations fallacieuses contre des opposants.

La dernière vague d’arrestations à la suite des assassinats du chef d’état-major de l’armée et d’autres hauts représentants de l’État le 22 juin a également ciblé des militants et des membres du Mouvement national amhara, un parti d’opposition.

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