L’armée, qui a été déployée illégalement, a utilisé des munitions réelles pour disperser des manifestant·e·s à Harare, la capitale, après la publication tardive des résultats de l’élection présidentielle par la Commission électorale.
« Le fait qu’aucun militaire soupçonné d’être responsable du bain de sang n’ait été amené à rendre des comptes pour ces homicides brutaux ne fait qu’ajouter à la tragédie postélectorale. Pourtant, les auteurs présumés ont été identifiés grâce à des photos et des vidéos diffusées dans les médias et sur les réseaux sociaux, a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe du programme Afrique australe à Amnesty International.
« Si le gouvernement zimbabwéen veut démontrer son engagement en faveur des droits humains, il doit veiller à ce que la roue de la justice se mette à tourner plus vite que ces dernières années. »
Après la fusillade du 1er août 2018, la police zimbabwéenne a confirmé que trois personnes avaient été tuées lorsque des militaires avaient ouvert le feu sur des manifestant·e·s qui s’enfuyaient. Ce chiffre a ensuite été porté à six. Certaines personnes ont été abattues ou blessées dans le dos.
En outre, l’armée a ordonné aux journalistes couvrant les rassemblements d’éteindre leurs caméras et leurs appareils photographiques.
En cas de violence lors d’une manifestation et si les agents chargés de l’application des lois doivent inévitablement recourir à la force pour atténuer la menace pesant sur les participant·e·s ou les passant·e·s, ils doivent s’en tenir aux moyens les moins extrêmes pour gérer la situation et se conformer aux Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois.
« Il faut que les autorités diligentent des enquêtes approfondies, efficaces et impartiales sur les homicides de manifestant·e·s, dont certain·e·s ont été tués alors qu’ils s’enfuyaient, et que les personnes ayant enfreint la loi soient traduites en justice dans le cadre de procès équitables, a déclaré Muleya Mwananyanda.
« Les autorités zimbabwéennes ne doivent, sous aucun prétexte, permettre à l’impunité de perdurer ni couvrir ces homicides. Si le Zimbabwe entend devenir un pays respectueux des droits humains, personne, pas même les militaires, ne doit être intouchable en cas de violation de ces droits. »
Complément d’information
Les violences du 1er août 2018 ont fait suite au scrutin du 30 juillet, qui associait élections présidentielle, législatives et locales.
Les manifestants demandaient que la Commission électorale du Zimbabwe accélère la publication des résultats de l’élection présidentielle au lendemain du scrutin du 30 juillet.