« Les autorités cambodgiennes ont passé les cinq dernières années à démolir les derniers fragments des droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association. La répression contre les droits fondamentaux dans le pays s’intensifie. Nombreux sont ceux qui se sentent obligés de participer à cette élection alors que le parti de leur choix ne se présente pas.
« Sous la direction du Premier ministre Hun Sen, les autorités ont fermé des médias indépendants ou exercé de fortes pressions sur eux, ont harcelé, intimidé, frappé et incarcéré des opposant·e·s politiques dans le cadre de procès collectifs, et restreint les droits des candidat·e·s de former des partis politiques et de contester les résultats du vote. Des militant·e·s de partis d’opposition ont été agressés dans les rues à coups de matraques métalliques à plusieurs reprises, un militant a même été poignardé à mort en public en 2021, ce que beaucoup ont qualifié d’attaque ciblée [1].
« Hun Sen a lancé des appels à la violence, comme on a pu le voir dans une vidéo diffusée en direct depuis son compte Facebook officiel en janvier, entraînant des attaques contre des opposant·e·s politiques, ce qui a incité le Conseil de surveillance de Meta à ordonner la suppression de la vidéo et à recommander la suspension immédiate du compte officiel du Premier ministre pour une durée de six mois [2].
« La répression des droits humains s’est considérablement durcie au cours des années qui ont suivi les dernières élections nationales. La pandémie de COVID-19 a servi de prétexte pour étouffer davantage les droits humains, y compris le droit à la liberté d’expression, et des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des détracteurs du gouvernement ont été pris pour cibles en raison de leurs opinions divergentes.
« La tentative de former et d’enregistrer le nouveau parti d’opposition, le Parti de la bougie, a été étouffée dans l’œuf par une décision vraisemblablement politique interdisant son enregistrement. Plusieurs membres du Parti de la bougie ont été arbitrairement détenus [3] et certains ont été condamnés à plusieurs années de prison pour de fausses accusations. À l’approche des élections, de nouvelles réglementations sont entrées en vigueur dans le but de sanctionner ceux qui appelaient au boycott des urnes, bafouant ainsi davantage le droit à la liberté d’expression.
« Les autorités cambodgiennes doivent abandonner toutes les accusations forgées de toutes pièces, à caractère politique, portées contre les membres du Parti de la bougie, Kem Sokha, ancien président du Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC), aujourd’hui dissout, la syndicaliste Chhim Sithar [4], et contre toutes les personnes emprisonnées uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association. Elles doivent cesser d’instrumentaliser le système judiciaire pour réprimer la dissidence pacifique et mettre fin à la répression qui vise les médias et les journalistes indépendants. »
Complément d’information
Ce dimanche 23 juillet, le Cambodge organise sa septième élection générale depuis un vote administré par les Nations Unies en 1993. Le Parti du peuple cambodgien devrait largement remporter tous les sièges, comme ce fut le cas en 2018 lors d’un vote considéré comme inique par les observateurs électoraux. Tous les travaux d’Amnesty International sur le Cambodge – recherches, communiqués de presse et autres documents spécifiques à ce pays – sont disponibles sur notre site Web [5].
Amnesty International est un mouvement mondial de défense des droits humains, indépendant de tout gouvernement, de toute idéologie politique ou de tout intérêt économique. Le fait que l’organisation dénonce les violations des droits humains commises à l’encontre de candidat·e·s, de membres ou de sympathisant·e·s d’un parti politique ou de personnes qui défendent une position politique en particulier n’implique pas qu’elle soutient ce parti ou le groupe auquel appartient un candidat·e.