Yémen, 9 ans après le début du conflit des millions de personnes continuent de souffrir

Photo au Yémen

Des millions de Yéménites continuent de subir les conséquences durables du conflit dévastateur qui se poursuit, les différents belligérants ne parvenant toujours pas à rendre justice aux victimes de crimes de droit international et de violations des droits humains ni à leur accorder réparation, a déclaré Amnesty International à l’occasion du neuvième anniversaire du conflit.

L’organisation invite de nouveau la communauté internationale à mettre sur pied un mécanisme international indépendant d’obligation de rendre des comptes, chargé d’enquêter et de rendre compte publiquement des atteintes et des violations les plus graves du droit international commises au cours des neuf dernières années, mais aussi de recueillir et de préserver les éléments de preuve en vue de futures poursuites pénales et demandes de réparation.

« Bien qu’un cessez-le-feu de facto ait entraîné une baisse des hostilités par rapport aux années précédentes, les parties au conflit au Yémen continuent de se livrer à des attaques illégales et à des homicides en toute impunité et de restreindre la liberté de circuler et l’acheminement de l’aide, a déclaré Grazia Careccia, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

« Le Yémen est déjà confronté à l’une des pires crises humanitaires au monde et la récente escalade militaire dans le pays, à la suite des frappes aériennes américaines et britanniques sur des cibles houthies, risque d’aggraver encore la situation pour la population civile. »

« Afin de briser le cycle de l’impunité, il est essentiel de mettre en place un mécanisme international indépendant d’obligation de rendre des comptes qui ouvre la voie à la responsabilité pénale et offre des réparations effectives aux victimes. »

Les documents dont dispose Amnesty International mettent en lumière le fait que le climat d’impunité généralisée au Yémen a permis aux responsables de commettre des violations des droits humains, notamment des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture et des procès iniques visant des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes ou toute personne perçue comme un opposant ou un détracteur des diverses autorités présentes sur le terrain.

« Afin de briser le cycle de l’impunité, il est essentiel de mettre en place un mécanisme international indépendant d’obligation de rendre des comptes qui ouvre la voie à la responsabilité pénale et offre des réparations effectives aux victimes, a déclaré Grazia Careccia.

« En s’abstenant de mettre en œuvre l’obligation de rendre des comptes, la communauté internationale manque à son devoir envers les victimes au Yémen et alimente un climat général d’impunité dans lequel les crimes relevant du droit international ne connaîtront aucun déclin, pas plus au Yémen qu’ailleurs dans le monde. »

Le Yémen demeure l’une des pires crises humanitaires au monde, qui se caractérise par 4,56 millions de personnes déplacées par le conflit et plus de 70 000 réfugié·e·s et demandeurs·euses d’asile, d’après les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Organisation des Nations unies indique que 18,2 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et d’une protection. Au moins 17,6 millions de personnes sont actuellement confrontées à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition, tandis que la moitié des enfants yéménites de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance modéré à sévère en raison de l’insécurité alimentaire.

Complément d’information

En octobre 2021, les membres du Conseil des droits de l’homme (CDH) ont rejeté de justesse une résolution qui aurait renouvelé le mandat du Groupe d’éminents experts internationaux et régionaux sur le Yémen [ONU], suite à un lobbying de l’Arabie saoudite, soutenue par les Émirats arabes unis, contre ce renouvellement. Le Groupe d’experts, fondé par le CDH en 2017, était le seul organe d’investigation international, impartial et indépendant qui rendait compte des violations et atteintes aux droits humains commises au Yémen. Aucun mécanisme national n’est actuellement aussi bien habilité que l’était le Groupe d’experts à répondre aux normes d’impartialité et d’indépendance pour la collecte et la préservation d’éléments de preuve, ni à identifier les victimes ou recueillir des informations sur les atteintes aux droits humains dans l’optique d’éventuelles poursuites au pénal ou demandes de réparation.

Le 26 juillet 2023, plus de 40 organisations de la société civile et associations de victimes yéménites ont lancé la Déclaration pour la justice et la réconciliation au Yémen [1]. Cette déclaration souligne la nécessité d’un processus judiciaire post-conflit pour répondre aux revendications du peuple yéménite.

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