« Amnesty International est préoccupée par les informations faisant état d’homicides ciblés en fonction de critères ethniques, de violences sexuelles, de multiples incendies volontaires visant des habitations et du déplacement massif de la population non arabe du Darfour occidental – en particulier dans la ville d’El Geneina et ses environs – dont les Forces d’appui rapide et les milices arabes alliées seraient responsables.
« Cette spirale de la violence présente d’inquiétantes similitudes avec les crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés au Darfour depuis 2003. Même les personnes qui cherchent la sécurité ne sont pas épargnées.
« La protection de la population civile dans tout le pays doit être une priorité absolue. La communauté internationale doit soutenir de toute urgence la réponse humanitaire au Soudan et dans la région lors de l’évènement de haut-niveau d’annonces de contributions [1] qui se tient lundi 19 juin 2023. Des millions de Soudanais et de Soudanaises, à l’intérieur et en dehors du pays, en dépendent.
« Les parties au conflit doivent respecter le droit international humanitaire et cesser immédiatement de commettre des violations à l’encontre de la population civile. Les Forces d’appui rapide et les milices arabes alliées doivent permettre aux civil·e·s qui souhaitent fuir le conflit de le faire en toute sécurité. »
Complément d’information
Le 14 juin 2023, Khamis Abakar, le gouverneur du Darfour occidental, a été capturé et tué par des combattants des Forces d’appui rapide seulement quelques heures après avoir publiquement accusé celles-ci de commettre un génocide à El Geneina.
Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, on voit un groupe de membres des Forces d’appui rapide forcer Khamis Abakar à sortir d’un véhicule et à entrer dans un bâtiment. L’un des hommes filmés semble être un commandant de cette formation paramilitaire au Darfour occidental. La vidéo a été géolocalisée dans une zone située dans l’ouest d’El Geneina. Une deuxième vidéo diffusée quelques heures plus tard sur les réseaux sociaux montre le cadavre de Khamis Abakar, sur lequel apparaissent des multiples plaies. Khamis Abakar était également le chef de l’Alliance soudanaise, un mouvement armé.
Les Nations unies estiment que plusieurs milliers de personnes ont été tuées ou blessées [2] depuis que le conflit s’est embrasé en avril 2023. Des informations crédibles laissent penser que les Forces d’appui rapide et les milices alliées ont tué ou blessé de nombreux habitant·e·s au Darfour occidental [3], et la situation continue de se dégrader [4].
Amnesty International a précédemment souligné que la nouvelle escalade du conflit exacerbait les souffrances endurées depuis 20 ans par la population civile du Darfour. L’organisation appelle à nouveau toutes les parties à assurer la protection de la population civile et l’acheminement de l’aide humanitaire en toute sécurité dans le pays.
Des informations détaillées sur la situation des droits humains au Soudan sont disponibles dans l’entrée du Rapport annuel 2022 d’Amnesty International consacrée au pays.