Entre les 13 et 16 juillet, le président Biden se rendra en Israël, dans les territoires palestiniens occupés et en Arabie saoudite, où il est prévu qu’il rencontre plusieurs dirigeants, dont le roi Salman bin Abdulaziz al Saud d’Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed Bin Salman, le président égyptien, Abdel Fattah al Sisi, le Premier ministre israélien, Yair Lapid, et le dirigeant de l’opposition, Benjamin Netanyahou.
« Le gouvernement Biden doit cesser son soutien éhonté à des crimes de droit international choquants et à d’autres violations graves des droits humains commis par ses alliés, favorisant sciemment des abus de grande ampleur en toute impunité », a déclaré Paul O’Brien, directeur exécutif d’Amnesty International États-Unis.
« Le président Biden doit saisir cette occasion de faire primer la progression des droits humains sur les intérêts à court terme, et d’indiquer clairement qu’il ne saurait y avoir deux poids deux mesures lorsqu’il s’agit de promouvoir les droits humains. Si les États-Unis continuent sur cette lancée, cela encouragera encore davantage les gouvernements abusifs à réduire au silence les voix d’opposition, opprimer les minorités et écraser de manière impitoyable les droits de millions de personnes dans la région. »
Israël, territoires occupés et autorités palestiniennes : un apartheid soutenu par les États-Unis
Le meurtre de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, alors qu’elle couvrait un raid militaire israélien en Cisjordanie le 11 mai, a rappelé de manière brutale les crimes commis par les autorités israéliennes afin de maintenir leur système d’oppression et de domination sur les Palestinien·ne·s, et le rôle joué par les États-Unis afin de permettre à Israël de se soustraire à l’obligation de rendre des comptes. À travers Israël et les territoires palestiniens occupés, des Palestinien·ne·s sont victimes d’homicides illégaux, de détentions arbitraires, d’actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements, de sanctions collectives et de déplacements forcés dans le contexte d’un système d’apartheid.
Le gouvernement israélien a déplacé de force les habitant·e·s d’agglomérations palestiniennes entières et démoli des centaines de milliers de logements palestiniens. À Masafer Yatta, dans le sud de la Cisjordanie, et à Ras Jrabah, dans la région du Naqab/Néguev en Israël, des résident·e·s risquent d’être déplacés de force d’un moment à l’autre. Durant le dernier conflit armé en date dans la bande de Gaza, en mai 2021, les forces israéliennes ont commis des crimes de guerre qui ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés. Des hôpitaux, des logements et d’autres infrastructures essentielles ne peuvent être reconstruits, en raison du blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis 2007.
« Le gouvernement Biden doit cesser son soutien éhonté à des crimes de droit international choquants et à d’autres violations graves des droits humains commis par ses alliés, favorisant sciemment des abus de grande ampleur en toute impunité »
« Le fait que le gouvernement israélien n’ait pas été amené à rendre des comptes pour les violations graves qu’il a commises, parmi lesquelles des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, est perpétué par la politique des États-Unis. Au lieu de masquer cette impunité, les États-Unis doivent soutenir des enquêtes indépendantes, approfondies et crédibles sur ces crimes, comme celle qui a été ouverte par la Cour pénale internationale », a déclaré Paul O’Brien.
L’administration Biden et le Congrès des États-Unis doivent cesser de fournir des armes à l’armée israélienne, jusqu’à ce qu’il soit garanti que ces équipements ne sont pas utilisés pour commettre de graves violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains.
Les autorités palestiniennes ont continué d’imposer des restrictions à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Les forces de sécurité ont réagi à des manifestations contre la torture et l’homicide de Nizar Banat, opposant politique, le 24 juin 2021, en recourant illégalement à la force, à des arrestations, à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements.
Arabie saoudite : La cruauté derrière la façade étincelante
Les autorités ont continué à réprimer les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et de mouvement. À la mi-2021, la plupart des défenseur·e·s des droits humains du pays, parmi lesquels des militantes en faveur des droits des femmes, des journalistes indépendants, des auteurs et des militant·e·s, avaient été soumis à des arrestations arbitraires pour leur travail en faveur des droits humains ou leur activité sur les réseaux sociaux.
Amnesty International a recueilli des informations sur 30 cas de militant·e·s et de défenseur·e·s des droits humains saoudiens ayant été condamnés à l’issue de procès manifestement iniques - qui s’étaient déroulés pour la plupart devant le Tribunal pénal spécial - à des peines d’emprisonnement suivies d’interdictions de voyager. Des parents de militant·e·s ont également été visés par des interdictions de voyager non officielles, sans aucune décision de justice en ce sens ni notification.
Plus de trois ans après le meurtre de Jamal Khashoggi, autorisé par l’État, sa famille n’a toujours pas reçu d’informations sur le lieu où se trouvent ses restes, tandis que les personnes impliquées dans son homicide n’ont pas été amenées à rendre des comptes.
« Le président Biden doit saisir cette occasion de faire primer la progression des droits humains sur les intérêts à court terme, et d’indiquer clairement qu’il ne saurait y avoir deux poids deux mesures lorsqu’il s’agit de promouvoir les droits humains »
Amnesty International exhorte le président Biden à faire pression sur les autorités saoudiennes afin de les inciter à : libérer immédiatement et sans condition tous les militant·e·s et défenseur·e·s des droits humains détenus pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux ; lever l’ensemble des interdictions arbitraires de voyager qui leur ont été imposées ainsi qu’à des membres de leur famille dans le but de sanctionner, d’intimider et de réduire au silence les personnes qui critiquent l’État ; et révéler où se trouvent les restes de Jamal Khashoggi.
Les États-Unis doivent cesser de fournir des armes à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, tant qu’il subsistera un risque non négligeable que ce matériel serve à commettre ou à faciliter de graves violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains au Yémen. Amnesty International a enquêté sur des dizaines de frappes aériennes ayant illégalement tué et blessé des civil·e·s, et retrouvé à de nombreuses reprises [1] et identifié des bouts de munitions de fabrication étatsunienne [2].
Égypte : une crise des droits humains aux racines profondes
En Égypte, les autorités ont intensifié leur campagne visant à dissimuler leur bilan consternant en matière de droits humains, avant que le pays n’accueille la prochaine conférence des Nations Unies sur le climat (COP27) cette année.
La crise des droits humains en Égypte est caractérisée par : une impunité profondément enracinée en matière d’homicides illégaux, de torture et de disparitions forcées ; des détentions arbitraires de masse [3] ; la répression des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ; la discrimination contre les femmes et les filles, les personnes LGBTQ+ et les membres de minorités religieuses ; et une campagne répressive contre les organisations non gouvernementales (ONG) défendant les droits humains, par le biais d’interdictions de voyager, de gel des avoirs et d’autres tactiques draconiennes visant à mettre un terme au travail civique. Malgré cela, l’Égypte reste l’un des principaux bénéficiaires à long terme de l’aide militaire des États-Unis.
Ces derniers mois, les autorités ont libéré des dizaines de personnes incarcérées pour des motifs politiques, mais des milliers d’autres sont arbitrairement maintenues en détention tandis que les arrestations d’opposants non violents continuent sans faiblir.
Amnesty International exhorte le président Biden à inciter le président égyptien, Abdel Fattah al Sisi, en public comme en privé, à mener des réformes sérieuses et durables sur le terrain des droits humains, en commençant par relâcher de manière immédiate et inconditionnelle toutes les personnes détenues arbitrairement pour avoir simplement exercé leurs droits fondamentaux de manière non violente ou parce qu’elles sont victimes de discrimination.
Le président Biden doit aussi demander aux autorités égyptiennes d’abandonner une bonne fois pour toutes les poursuites pénales liées au travail mené par des ONG de défense des droits humains, connues comme l’Affaire 173/2011, de lever toutes les interdictions arbitraires de voyager et les gels d’avoirs visant les défenseur·e·s des droits humains, et de garantir un environnement sûr pour les organisations de défense des droits humains.