Le « parcours de lumière » s’est ouvert et clôturé par deux larges bannières sur lesquelles était inscrit : « it is better to light a candle than to curse the darkness » (il vaut mieux allumer une bougie que de maudire l’obscurité), en référence au proverbe chinois guidant Amnesty International depuis sa création. Des militant·e·s se sont par ailleurs posté·e·s devant les ambassades avec des flambeaux et de grands panneaux portant des messages adressés aux autorités des pays concernés.
Les militant·e·s ont notamment demandé l’abolition de la peine de mort et la protection de ceux·celles qui luttent contre cette pratique en Iran, mettant en exergue les cas d’Ahmadreza Djalali et de Nasrin Sotoudeh ; la garantie du respect des droits des femmes en Arabie saoudite, mettant en évidence le cas de Loujain al Hathloul ; la protection des défenseur·se·s de l’environnement en Colombie, par le biais de Jani Silva ; le respect des droits des travailleur·euse·s migrant·e·s au Qatar ; ainsi que l’assurance que justice soit rendue au Soudan après des années de conflit.
« Cette année qui s’achève a été difficile et les droits humains ont subi de lourds assauts, de toutes parts et partout dans le monde, notamment dans ces cinq pays. Avec cette action, nous voulons dénoncer ces attaques, mais également donner du courage et de l’espoir à tou·te·s ceux·celles qui se battent pour ces droits. La nouvelle année qui vient ne manquera pas de défis à relever en la matière, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. Pour cette Journée internationale des droits humains, nous appelons bien entendu tout·e un·e chacun·e à allumer une bougie et à la placer à sa fenêtre, pour montrer son attachement à ces mêmes droits, mais surtout à agir pour la sauvegarde de ces droits si précieux qui nous protègent toutes et tous, au quotidien. »
L’année 2020 a en effet été marquée par de nombreuses et graves atteintes aux droits humains, notamment en relation avec la pandémie de COVID-19. Ainsi, dans plusieurs pays, les autorités ont pris le parti d’exploiter la situation pour ne pas assumer leurs responsabilités concernant le respect des droits fondamentaux de certaines catégories de la population (notamment en Colombie, aux États-Unis, en Libye, etc.), voire pour adopter des mesures liberticides et bafouant les droits humains (comme en Hongrie, Cambodge, Chine, Philippines, Amériques, etc.).
« Cette année qui s’achève a été difficile et les droits humains ont subi de lourds assauts, de toutes parts et partout dans le monde, notamment dans ces cinq pays. Avec cette action, nous voulons dénoncer ces attaques, mais également donner du courage et de l’espoir à tou·te·s ceux·celles qui se battent pour ces droits. La nouvelle année qui vient ne manquera pas de défis à relever en la matière. »
Dans ce contexte, Amnesty International a mis en exergue plusieurs situations très inquiétantes touchant notamment les personnes vulnérables (migrants·e·s, sans-abri, femmes victimes de violences domestiques, populations indigènes, etc.), avec un souci particulier pour les résident·e·s de maisons de repos et de maisons de repos et de soins, qui ont subi toute une série de violations des droits humains en Belgique, mais aussi pour le personnel de santé.
L’organisation de défense des droits humains a par ailleurs alerté sur la situation des journalistes (notamment en Égypte), des prisonnier·ère·s d’opinion et détenu·e·s en situation de vulnérabilité (Iran, Turquie, États-Unis, etc.), etc. Le respect du droit à la vie privée, notamment en ce qui concerne les applications de traçage, et des droits humains dans le cadre de l’application des mesures de confinement, ont également constitué des motifs d’inquiétude pour l’organisation de défense des droits humains.
« Malgré un flot de nouvelles extrêmement préoccupantes, cette année 2020 nous a également apporté de nombreuses bonnes nouvelles sur lesquelles il convient d’insister. Ainsi, nous avons accueilli avec beaucoup de joie la libération de la défenseure des droits humains iranienne, Narges Mohammadi, pour qui Amnesty International s’est beaucoup mobilisée, particulièrement nos groupes locaux à Bruxelles et en Wallonie, explique encore Philippe Hensmans. Nous ne le répéterons jamais assez : la mobilisation, ça marche. D’ailleurs, pour ces prochaines semaines, nous appelons le public à agir en masse dans le cadre du Marathon des lettres. »
Le Marathon des lettres, une campagne mondiale d’Amnesty International, a pour objectif de récolter des millions de lettres et de signatures en faveur de personnes/de groupes de personnes dont les droits humains sont bafoués. Actuellement en cours, cette campagne s’achèvera le 6 janvier. Compte tenu des mesures de lutte contre la pandémie, les séances publiques d’écriture de lettres, qui ont habituellement lieu dans des stands dans plusieurs villes et communes de Bruxelles et de Wallonie, sont remplacées par la possibilité de commander gratuitement un « kit d’écriture de lettres » et/ou de signer des pétitions en ligne.
« Malgré un flot de nouvelles extrêmement préoccupantes, cette année 2020 nous a également apporté de nombreuses bonnes nouvelles sur lesquelles il convient d’insister. Ainsi, nous avons accueilli avec beaucoup de joie la libération de la défenseure des droits humains iranienne, Narges Mohammadi, pour qui Amnesty International s’est beaucoup mobilisée, particulièrement nos groupes locaux à Bruxelles et en Wallonie. »
Complément d’information
Iran
Nasrin Sotoudeh est une éminente défenseure des droits des femmes et une farouche opposante à la peine de mort. En raison de son travail en faveur des droits humains, elle a été condamnée à 38 ans et six mois de prison et 148 coups de fouet à l’issue de deux procès iniques. Alors qu’elle avait été libérée temporairement le 7 novembre, elle a été contrainte de retourner en prison le 2 décembre dernier.
Ahmadreza Djalali, médecin irano-suédois, professeur invité de la VUB, a été arrêté et accusé d’espionnage en 2016 en Iran. Fin octobre 2017, il a été condamné à mort à l’issue d’un procès manifestement inéquitable et sur base d’« aveux » qui lui ont été extorqués sous la torture psychologique. Il risque d’être exécuté de façon imminente.
En 2019, l’Iran est resté le deuxième pays procédant au plus grand nombre d’exécutions au monde (251) et a également mis à mort des personnes qui étaient mineures au moment où elles ont commis les crimes pour lesquels elles ont été condamnées.
Arabie saoudite
Loujain al Hathloul, l’une des figures marquantes de la lutte contre l’interdiction de conduire pour les femmes en Arabie saoudite et le système de tutelle masculine, a été arrêtée, de même que d’autres militantes, en mai 2018. Durant les trois premiers mois de sa détention, elle a été victime de torture, de violences sexuelles et d’autres formes de mauvais traitements. À l’heure actuelle, Loujain est toujours en détention pour le simple fait d’avoir réclamé l’égalité.
Bien qu’il tente d’améliorer son image en matière de droits des femmes, le Royaume saoudien continue à bafouer ces mêmes droits en soumettant les femmes et les filles à des discriminations systématiques et en menant une campagne de répression contre les défenseur·e·s des droits des humains, particulièrement des droits des femmes.
Colombie
Jani Silva est une défenseure de l’environnement qui, malgré les menaces de mort, continue de se battre pour la protection de l’écosystème amazonien et pour les droits des paysan·ne·s de la région du Putumayo, en Colombie.
Depuis plusieurs années, la Colombie est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les personnes défendant les droits humains, les territoires et les ressources naturelles. Depuis la signature de l’Accord de paix en 2016, la situation a empiré, particulièrement pour les personnes vivant dans des zones géographiquement stratégiques et riches en ressources naturelles
Soudan
Depuis le début du conflit qui ravage le Soudan, en 2013, aucune enquête crédible sur les crimes de droit international n’a été menée et aucune personne soupçonnée de responsabilité pénale relative à des violations des droits humains ou à des atteintes n’a été poursuivie. Amnesty International appelle par ailleurs le Conseil de sécurité des Nations unies à prolonger le mandat de L’opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) d’au moins six mois, compte tenu de l’incapacité des forces de sécurité gouvernementales à protéger les civil·e·s.
Qatar
Depuis que le Qatar a été désigné comme pays hôte de la Coupe du monde de football de 2022, son bilan en ce qui concerne les droits des travailleur·se·s migrant·e·s, désastreux, fait l’objet d’une surveillance accrue. Si ce pays a adopté une série de réformes, notamment en modifiant la législation pour accorder aux travailleur·se·s la liberté de mouvement et de meilleurs salaires, nombre travailleur·se·s migrant·e·s n’ont pas encore bénéficié de ces évolutions et travaillent encore dans des conditions très difficiles.